PENSER
AGIT
COMME
UN
VOILE
Regardez
une fleur. Nous la voyons maintenant. Nous
contemplons ses formes maintenant. Nous sommes
conscients de la fleur ici même et
maintenant, mais supposez que nous pensions
à autre chose au moment où nous
considérons la fleur, par exemple à
cette énorme facture dont
l'échéance est dépassée
et qui nous tracasse quelque peu. En quoi cela
paraît-il affecter notre conscience de la
fleur ? Nous n'en sommes pas aussi conscients
qu'avant, n'est-ce pas ? C'est à peine si
les yeux que nous posons sur elle la voient. Elle
donne l'impression de perdre de sa netteté ;
nous n'y prêtons plus guère attention
alors qu'il s'agit de la même rose. La
même beauté, la même forme, la
même grâce et exquise
délicatesse se présentent toujours
à nos yeux afin que nous l'admirions et que
nous nous en réjouissions, mais c'est
à peine si nous la voyons. Nous nous
inquiétons trop de la note à payer.
Nous sommes trop occupés à
penser.
La note n'est pas maintenant. Tout ce qui est
maintenant est la conscience de la rose. La rose,
dans tout son charme et sa beauté, est
maintenant. L'addition n'est qu'un souvenir qui
n'appartient pas à cette
conscience-maintenant à moins que nous
choisissions de l'y glisser à
l'intérieur.
Nous voyons que penser revient à
déposer une pellicule sur notre regard ;
comme une brume qui couvrirait toute la face de la
terre ; comme un voile ; comme si nous regardions
la fleur et tout le reste
obscurément à travers un miroir
teinté.
MAINTENANT
EST
TOUJOURS
BIEN
!
Considérons
à nouveau la rose. Elle est ici, au sein de
la Conscience qui est consciente maintenant. Le
temps de la Conscience est toujours maintenant.
Maintenant même, la Conscience comprend une
rose. Observez-la attentivement. Focalisez-vous sur
elle à l'exclusion de toute autre chose.
Contemplez-la dans l'enthousiasme ! Elle est
beauté ici et maintenant ! Lors d'une
concentration si intense, pouvons-nous avoir
conscience des soucis, de la peur ou du chagrin
dans le même maintenant ? Est-ce concevable ?
Absolument pas ! Le "retour" à "maintenant"
signifie le retrait automatique du non-maintenant,
du passé et de l'avenir.
Comme nous le montrerons dans les pages suivantes,
maintenant est toujours parfait ! Il est
plénitude de beauté, de grâce
et de splendeur et ne contient rien
spectacle, son ou sensation qui ne soit tout
à fait inoffensif et absolument parfait.
Vous n'allez pas tarder à voir et à
comprendre avant même d'avoir fini cet
ouvrage que maintenant est un comble de
paix, de sérénité, de bonheur
vif et pétillant. Il déborde de tout
ce dont nous pensons avoir besoin.
Par conséquent, en nous détournant du
souvenir du passé et des rêves
touchant à l'avenir de la même
façon que nous renonçons à
penser nous n'ignorons pas plus la
Réalité [comme le prétend
le monde] que nous pratiquons la politique de
l'autruche pour échapper à "l'urgence
des circonstances". Au contraire, voilà que
nous retournons à la perfection à
portée de la main, et accessible à
tous, afin de découvrir que maintenant est
tout ce qui est réel et la seule chose qui
devrait jamais nous intéresser !
Ici, on ne fait pas comme si les "ennuis"
n'existaient pas, et l'on ne néglige pas
davantage la vie domestique ou professionnelle.
Ici, nous voyons avec la clarté dans
laquelle nous apparaît la rose quand nous ne
sommes pas accablés par la peur ou la
consternation. Ici, nous voyons les choses comme
elles sont et, en conséquence, nous agissons
mieux.
Avez-vous bien entendu ? "Oui, maintenant !
Maintenant est le bon moment. Maintenant est le
jour du salut. Maintenant je suis avec vous pour
toujours. Le royaume est ici et maintenant. Vous
êtes capables de lire des signes dans le
ciel, mais vous ne savez pas expérimenter ce
maintenant. C'est maintenant que nous sommes les
fils de Dieu. Maintenant ! Maintenant ! Ici et
maintenant. Je ne vous quitterai et ne vous
abandonnerai jamais."
Lecteur, ce maintenant, ici et maintenant, est un
principe fondamental d'Être, de Dieu, de
Réalité. Inutile de
s'inquiéter plus que de raison d'un
passé ou d'un avenir quand le transcendant
MAINTENANT existe afin que nous en jouissions et
que nous le soyons.
" MAIS
SI
. . . ? "
Ceux qui
entendent parler pour la première fois de la
nature transcendante de maintenant et se mettent
à y réfléchir ne manquent
jamais d'inventer des situations
hypothétiques et de nous les
présenter le plus sérieusement du
monde afin de voir comment "cette nouvelle
façon d'envisager les choses" les prendra en
compte. "Mais qu'adviendra-t-il si ceci ?"
demandent-ils en imaginant un
événement qu'ils jugent
épouvantable. "Supposez que vous vous
trouviez confronté à tel ou tel
événement chaotique ; que feriez-vous
dans ce cas-là ?" nous lancent-ils pour voir
comment nous allons justifier une situation ou
trouver une explication à un problème
qui pour commencer n'appartient
même pas à ce maintenant, sinon sous
la forme d'un rêve tout à fait
inoffensif !
Une trop forte propension à se
préoccuper de ce qui n'est pas maintenant
participe de la farce grotesque qui nous conduit si
souvent à passer à côté
de la beauté, de la merveille et de la
perfection du moment. Jésus exhortait ceux
qui L'interrogeaient là-dessus à "se
fixer, toute leur vie, sur le Un vivant [la
conscience-maintenant]..." Il leur affirmait
que se préoccuper du non-maintenant revenait
à s'intéresser à un
cadavre.
Lecteur, avant de trouver la Tranquillité,
je dois avouer honnêtement que je n'avais
qu'une idée en tête : l'unique
présent de la conscience-maintenant. Il
fallait que je m'aperçoive que toute
spéculation sur un non-maintenant
représente un gâchis stupide qui tend
à cacher la beauté de l'instant.
Apparemment, c'est cette histoire de rêves,
de conjectures et d'inquiétudes qui
présente un maintenant embrouillé et
qu'il convient de revoir. S'en tenir au maintenant,
c'est en vivre la perfection, sans nul besoin de
rectifier quoi que ce soit et ne s'y trouve
rien qu'on puisse redouter !
Quand on m'envoie à la figure toutes ces
situations hypothétiques, je pose
forcément la question suivante : en est-il
seulement une qui ait bien lieu dans cet
ici-et-maintenant ? À ceux qui persistent
à se démener avec le non-maintenant,
je répète ce qui a déjà
été dit : "Vous avez
congédié l'Unique-Maintenant vivant
qui est devant vous pour parler d'un cadavre."
[Thomas, Log. 52]
|