Question
: Comment savoir si nous allons dans la bonne
direction ? Les gens sont attirés par
différentes voies, mais comment savoir
laquelle nous convient le mieux ?
Ranjit : La bonne direction, c'est l'adresse
que le maître vous donne. Quand vous essayez
vraiment de comprendre, vous expérimentez ce
que le maître dit. Votre propre mental vous y
conduira, c'est lui qui vous dira si vous avez
compris correctement ou pas.
Question : On le sait tout simplement ?
Ranjit : Oui ! Quand vous mangez, vous
savez si vous en voulez davantage ou pas. De la
même façon, dès que vous
expérimentez ce que le maître dit,
cela veut dire que vous avez compris correctement.
Le mental a toujours tendance à papillonner,
mais il vous conduira finalement au bon endroit. On
peut dire que vous êtes sur la bonne voie
lorsque vous acceptez que tout est illusion : le
corps, le mental, et tout ce que vous voyez et
percevez. Vous arrivez au point où vous vous
comprenez vous-même. Mais en fait, qu'y
a-t-il à comprendre, puisque vous êtes
la Réalité ? Qui peut comprendre qui
? L'ignorance doit disparaître, c'est tout.
L'ignorance, c'est être persuadé que
tout est réel, que mon corps, mon mental et
mon identité sont vrais. Cette ignorance est
l'ego, et c'est lui que vous devez connaître.
Dès que vous savez ce qu'il est, il
disparaît. En fait il n'y a rien à
chercher, car qui pourrait rechercher qui ?
Ainsi la base fondamentale, c'est que vous
êtes la Réalité. C'est l'ego
qui affirme : "Je suis ceci." Il ne vous quittera
jamais, c'est à vous de le quitter. Si vous
comprenez qu'il n'est qu'un concept, il n'aura plus
aucune emprise sur vous, sinon, il continuera
à dominer le mental. Vous vous plaignez de
ne pas voir, mais vous ne mettez pas vos
lunettes ! Mettez vos lunettes et vous
verrez ! Le maître est là pour
déraciner votre ego. Vous avez le pouvoir
d'accepter ce qu'il dit sur le champ et de savoir
ainsi que vous êtes le créateur du
monde ! Eh oui ! À cause du corps
vous êtes devenu une petite créature.
Ne soyez pas si petit !
Question : On peut éviter
d'être le créateur, n'est-ce pas ?
Ranjit : Au début il faut bien
gonfler la baudruche de plus en plus, puisque vous
en êtes arrivé à vous dire :
"Je n'ai aucun pouvoir, je ne suis qu'un corps et
un mental." Tout d'abord, vous devez abolir les
limites, soyez illimité ! N'essayez pas
de faire quelque chose. Quand vous dormez, vous ne
faites rien, vous oubliez le monde, mais dans le
rêve qui apparaît, de nombreuses choses
surviennent. Qui est le créateur ici ?
Personne. Une pensée surgit de l'ignorance
et le rêve se déploie.
Vous affirmez que vous êtes l'auteur du
rêve mais c'est faux, car le créateur
n'a jamais existé. Le fils d'une femme
stérile n'a jamais existé. Aussi,
c'est simplement parce que vous vous êtes
mentalement limité à être une
petite créature, que vous devez d'abord
ouvrir et amplifier votre pensée. Le
maître brise vos limites, vous devenez de
plus en plus vaste jusqu'à ce que vous soyez
le tout. À ce point vous croyez être
réalisé, vous êtes dans la
béatitude. Mais là encore, le
maître vous dit que vous n'avez rien compris,
car rien n'est réel.
Question : Vous avez aussi dit que
l'étape du sat-chit-ananda
[être-conscience-félicité],
pouvait être évitée.
Ranjit : Dans un premier temps vous devez
"être", vous devez ouvrir votre esprit.
Sat-chit-ananda est encore un concept, c'est vrai,
mais c'est un concept très vaste, sans
limites. La première chose à faire,
c'est donc de comprendre : "Je ne suis pas cette
petite créature." Mais le mental ne veut pas
accepter d'emblée : "Je suis en tout et
partout." C'est pour cela que vous devez devenir le
créateur du monde et dire : "J'ai
créé tout cela." Une particule de sel
n'oserait jamais affirmer : "Je suis
l'océan", pourtant elle devient
l'océan quand elle se dissout. Ainsi la
connaissance doit s'accroître jusqu'à
ce que vous compreniez. Cependant, ici l'ego
persiste encore puisque vous dites : "Je sais
tout." Alors, le maître vous dit que vous ne
savez rien, car même cette connaissance doit
être oubliée, vous êtes toujours
en train de rêver. Tant que le "je" est
là, vous rêvez.
Le maître tranche votre ego, exactement comme
vous tranchez un gâteau d'anniversaire.
Chaque année vous dites que vous avez tel ou
tel âge, mais le maître vous dit que
vous n'êtes jamais né. Il
ébranle l'assise de votre mental pour
éliminer l'emprise du rêve. Mangez
votre ego ! Vous devez tout d'abord atteindre
la connaissance pour pouvoir la déraciner et
la manger.
Question : Est-il nécessaire de
passer par le processus que vous décrivez ou
peut-on prendre un raccourci ?
Ranjit : Votre mental ne l'accepterait pas !
C'est là tout le problème, il
n'accepte pas le fait que vous êtes la
Réalité. Le sat-chit-ananda est en
tout, c'est la graine d'origine. Sat veut dire
être, chit signifie conscience et enfin,
ananda est la félicité. Comprenez
tout d'abord l'ignorance et vous parviendrez au
sat-chit-ananda, qui n'est toutefois pas la
compréhension ultime. Mais si vous voulez
atteindre le quarantième étage, vous
devez tout d'abord passer par le
trente-neuvième. Même si vous
connaissez la destination finale, vous devez passer
par les étapes précédentes.
Votre mental est soumis à l'ignorance ;
il a peur de tout. Même un petit moustique
vous fait peur. À cause de l'identification
au corps et au mental vous êtes devenu si
petit !
Le mental vous limite. Tout est illusion, mais pour
vous tout est réel. Même le
sat-chit-ananda est illusion, ce n'est qu'un
concept, un concept qui a créé le
monde. Si ce concept n'était pas apparu, il
n'y aurait pas de rêve. Si aucune
pensée ne surgit dans votre sommeil, le
rêve ne se manifeste pas. Mais la condition
pour rêver c'est de dormir, celui qui ne dort
pas ne rêve pas. Pour que le rêve se
manifeste il faut dormir, de même, le monde a
été créé parce que vous
vous êtes oublié. Si vous ne vous
oubliez pas, il n'y a pas de création. C'est
de cette façon que vous êtes le
créateur du monde. Le monde entier n'est
qu'un seul concept et ce concept c'est la
connaissance. Tous les êtres sont pourvus de
la connaissance, et même lorsque vous dites :
"Je suis ignorant", c'est avec la connaissance que
vous le dites. Vous ne pouvez atteindre la
Réalité que si vous voyez ces deux
faces : l'ignorance et la connaissance. Tous les
êtres sont dans l'ignorance, même s'ils
affirment être docteur, avocat ou n'importe
quoi d'autre, ils ne font que s'agiter dans un
rêve. Dans le sat-chit-ananda, vous devenez
le créateur du monde, tout ce qui se passe
est alors : "Mon choix, ma volonté."
Vous vous êtes oublié et le
sat-chit-ananda a surgi, c'est le rêve
originel. Mais un rêve est toujours un
rêve. Dans un rêve, un roi peut devenir
un mendiant, mais vous n'êtes en fait, ni
l'un ni l'autre. Le créateur a donc
créé le rien. "Je suis le
créateur du zéro !" La
Réalité est au-delà de tout
cela. Il n'y a en fait ni créateur ni
création, ce ne sont que des concepts. La
connaissance et l'ignorance sont les deux faces
d'une même pièce, mais la pièce
n'est pas réelle, elle n'apparaît que
lorsque le Soi est oublié.
Question : Comment avancer dans
l'investigation du "je" et des "quatre corps" ?
Ranjit : C'est par la réflexion que
vous pouvez avancer, car c'est justement par manque
de réflexion que vous êtes devenu le
corps. Par la compréhension vous devez
prouver que vous n'êtes pas cela. Mais votre
réflexion doit être profonde et
soutenue car votre entourage vous maintient dans le
cercle de l'ignorance. Le maître vous dit que
vous êtes la Réalité et que ce
que vous voyez n'est pas réel. Il vous offre
la connaissance pour que vous puissiez comprendre.
Alors, spontanément vous direz : "Je suis le
créateur du monde." Certains sages
s'arrêtent à ce niveau mais pour la
compréhension finale vous devez aller plus
loin. La connaissance est toute puissante, mais
c'est encore un rêve, elle est en fait la
plus grande des ignorances.
Question : Comment ne pas m'identifier au
corps ?
Ranjit : Vous devez y
réfléchir. Jusqu'à
présent vous étiez convaincu de sa
réalité, alors pour voir son
irréalité, vous devez
réfléchir profondément sur le
sujet. Quand vous faites une erreur, vous devez la
trouver pour la corriger. Allez-y, trouvez la
faute ! Le maître explique les erreurs
mais si vous continuez à en commettre, qui
est responsable ? Vous vous êtes
oublié et le monde s'est manifesté,
que faire ? Toute chose vous touche et vous
affecte, c'est ainsi que vous produisez le
rêve... Comprenez-vous ?
Dans le sommeil, si une pensée devient
objective [prend forme], le rêve
apparaît, mais parfois une pensée
fugitive vous effleure sans que vous ne soyez
touché, elle ne prend pas forme, alors le
rêve ne se manifeste pas. Vous n'êtes
pas affecté par la pensée qui passe.
C'est seulement quand vous êtes touché
par le concept qui a surgi, que le rêve peut
s'enclencher et se déployer ensuite. Vous
devenez alors le "connaissant". Vous devez dire :
"Je ne suis pas cela." La question se pose alors :
"Qui êtes-vous ?" La conclusion qui
s'imposera ensuite à vous est : "Je n'existe
pas." Tant que le sat-chit-ananda est là, le
corps fonctionne. Tant que la connaissance est
là, vous devez agir en conséquence.
Ceci s'applique aussi à l'être
réalisé qui fonctionne de la
même façon dans le monde. Si quelqu'un
frappe à ma porte, il faut bien que je
réponde, que je lui dise d'entrer !
Mais le saint est comme la fleur de lotus :
elle vit dans l'eau mais n'est pas touchée
par elle. Il sait que rien n'est vrai. Vous devez
approfondir votre réflexion jusqu'à
ce que votre mental devienne non-mental. Ensuite il
n'y a plus à réfléchir
à quoi que ce soit, tout est fini. Vous seul
restez. "Être ou ne pas être, telle est
la question", dit-on. Tout le monde vit dans le
doute et l'hésitation : dois-je faire ceci
ou plutôt cela ? La question subsiste tant
que la connaissance est là. Mais si vous
comprenez que la connaissance vient de l'ignorance,
vous devrez alors vous en défaire. Le
maître vous dit de l'oublier car elle n'est
qu'un rêve. La connaissance et l'ignorance
sont toutes deux un rêve. "Être ou ne
pas être" reste une question tant que vous
croyez en la réalité du rêve.
La question n'a plus lieu d'être quand vous
savez que le rêve n'est pas réel.
Quand vous cherchez votre chemin, vous rencontrez
une personne qui vous indique une direction, puis
quelqu'un d'autre vous montre une direction
opposée, votre mental est alors dans le
doute. Vous êtes dans la dualité. Que
faire maintenant, prendre ce chemin ou bien l'autre
? D'un côté il y a le monde entier et
de l'autre la Réalité ultime. Vous
devez trancher par la compréhension. Tant
que vous êtes lié à la
connaissance, le dilemme "être ou ne pas
être" persiste. Sinon, comment pourriez-vous
même comprendre ? Tant que l'illusion
persiste, vous devez penser à la
Réalité mais s'il n'y a plus
d'illusion, à quoi penserez-vous ? À
quelle Réalité ? Ici, la
Réalité et l'irréalité
n'existent plus ni l'une ni l'autre. Sans une
réflexion profonde, vous ne pourrez pas
comprendre cela. Les gens disent : "Comprenez et
soyez cela." Ne soyez pas un papillon qui virevolte
ici et là. Par la réflexion, tout
peut se dissoudre instantanément.
Question : J'ai bien compris que l'agitation
mentale a des répercussions physiques et
émotionnelles. J'ai fait l'expérience
du lâcher-prise, quand plus rien ne se passe.
Mais maintenant, vous parlez de quelque chose qui
serait au-delà de ce "rien".
Ranjit : Oui c'est vrai car tout ce qui se
passe, se passe dans un rêve. Alors pourquoi
vous inquiéter, puisque ce n'est pas
réel ? Si vous vous inquiétez, cela
veut dire que vous prenez ce rêve pour la
Réalité.
Question : Alors que reste-t-il quand tout
s'effondre, quand il n'y a plus rien ?
Ranjit : Vous-même, vous vous
maintenez, mais sans le "vous" ! Un rêve
apparaît et dans ce rêve vous faites
beaucoup de choses mais quand le rêve prend
fin, vous êtes bien toujours là,
n'est-ce pas ? C'est simplement un rêve qui
apparaît, alors quel mal peut-il vous faire ?
Vous ne faites rien, vous dormez. Si vous comprenez
cela, ici dans l'état de veille, vous
laisserez le rêve se dérouler puis
s'éteindre, car vous savez que vous ne
faites rien. Il n'y a alors plus de question
à résoudre. Bien que j'agisse, je
n'agis pas, cette compréhension doit
éclore en vous. Dans le rêve vous
semblez faire une multitude de choses, alors qu'en
réalité vous ne faites rien puisque
vous dormez. Si par exemple vous tuez quelqu'un
dans un rêve, vous accuserez-vous de ce
meurtre au réveil ? Vous l'avez
pourtant expérimenté dans le
rêve ! Quand vous vous réveillez
tout devient zéro, néant. Le
rêve, et tout ce qui s'y déroule, ne
fait que passer, il ne se maintient pas. Quelle
peut donc être la valeur d'une chose si
éphémère ? Celui qui sait
qu'en réalité il ne s'est rien
passé, peut dire qu'il est le
créateur du monde.
Quand vous vous réveillez, vous savez qu'il
ne s'est rien passé, vous vivez alors dans
ce monde avec cette compréhension. Tant que
le corps est là, j'agis mais je n'agis pas,
je mange mais je ne mange pas. C'est le corps ou le
mental qui mange, mais moi je ne mange pas !
Souvenez-vous de l'histoire de cet homme qui avait
raconté à sa femme le festin qu'il
avait fait en rêve. Sa femme lui avait
répliqué : "Puisque tu viens de
manger, je n'ai pas besoin de cuisiner
aujourd'hui." Mais le mari, qui restait sur sa
faim, ne l'entendait pas ainsi et se mit à
protester : "Si, si, j'ai faim !" Comme
cet exemple l'illustre, tout ce que vous faites
dans le monde n'a aucune valeur. Si vous êtes
concerné par ce qui s'y passe, votre mental
est affecté. Pourquoi être
concerné par le corps et le mental ?
Dès que vous dites : "Je fais", vous devenez
la plus petite des créatures ! Si vous
comprenez ce que le maître dit, vous direz
alors tout naturellement : "Ce n'est pas
réel."
Continuez donc à accroître la
connaissance en vous, gonflez la baudruche pour
qu'elle devienne de plus en plus grosse, mais
sachez que ce qui vient de l'ignorance, c'est
à dire la connaissance, ne peut être
réel. Le mental vous fera atteindre ce point
de compréhension et ensuite
disparaîtra. Une fois que vous avez atteint
le but, vous n'avez plus besoin de comprendre quoi
que ce soit. Vous êtes au quarantième
étage, qu'y a t-il à comprendre
maintenant ?
Question : Nous sommes à la fois tout
et rien, est-ce correct de dire cela ?
Ranjit : Oui, oui... Dites tout d'abord :
"Je suis tout", puis dites : "Je ne suis rien, et
je ne fais rien." Vous ne pouvez pas dire que vous
êtes au quarantième étage si
vous n'avez pas franchi le trente-neuvième.
Quand vous atteignez le quarantième, il n'y
a plus rien à accomplir. Là vous
comprenez que rien n'est vrai, et c'est alors que
le "je" disparaît.
Question : Que voulez-vous dire exactement
par "Être le créateur" ?
Ranjit : Vous et le monde n'êtes
qu'un, dans le sens où la connaissance a
créé le monde. Si vous jetez une
particule de sel dans l'océan, elle devient
l'océan entier en une fraction de seconde.
C'est pour déraciner la pensée de
n'être que ce corps que vous devez
dire : "Je suis le créateur du monde."
Tout s'est manifesté à partir de la
connaissance, la connaissance est donc le
créateur. Mais celui qui crée
l'illusion ne peut pas être réel, il
est aussi illusion. Dans un premier temps, vous
devez quand même dire : "J'ai
créé." Quand vous vous
réveillez du rêve, vous dites : "J'ai
fait un rêve." Vous ne l'oubliez pas mais ce
n'est pourtant qu'un rêve. Vous devez dire
cela pour pouvoir sortir du rêve. Au
réveil vous dites : "Ce n'est pas
réel", mais avant d'arriver à cette
conclusion, vous le considériez comme vrai.
Ainsi, tout d'abord vous dites oui, la
connaissance jaillit, puis vous dites non.
C'est-là le sens de : "Être ou ne pas
être." D'abord vous dites oui, puis vous
devez dire non. Le mental doit devenir subtil,
sinon il est encombré de questions.
Dans une pièce de théâtre, un
homme peut jouer un double rôle et être
tour à tour le héros ou le bandit,
tourmenter l'héroïne, puis la cajoler
ensuite. Qui fait cela ? Lequel des rôles est
vrai ? Il est question de dualité
maintenant, mais en fait il ne s'agit que d'une
seule et même personne. Quand vous êtes
dans la dualité, vous devez agir en
conséquence. La dualité n'est rien
d'autre que votre propre rôle. Tout le monde
est moi-même. Toutes les bulles qui
apparaissent à la surface de l'océan
ne sont rien d'autre que l'océan. Que se
passe-t-il quand elles éclatent ? Elles
deviennent l'océan
Ici, on doit se briser soi-même pour
être la Réalité. Alors il n'y a
plus personne et l'unité emplit le mental.
Bon ou mauvais, tout le monde est moi-même.
Vous devez avoir un courage à toute
épreuve pour comprendre. L'acteur est un,
mais il joue un double rôle. Est-il bon ou
mauvais ? Il n'est ni l'un ni l'autre, il est
différent de tout cela. Il dit : "J'ai
endossé un rôle et je l'ai
joué. Quand je suis dans le rôle du
bandit, je joue en conséquence, et je fais
de même quand il s'agit du rôle du
héros." C'est pareil ici, vous jouez un
double rôle, mais les gens ont peur de
comprendre, ils se disent : "Comment cela est-il
possible ?" Par exemple, si vous tuez quelqu'un
dans un rêve, au réveil vous dites :
"Je n'ai tué personne." Cependant, ce
réveil est encore un rêve. C'est un
rêve dans le rêve du créateur,
dans lequel vous et lui êtes unis et
confondus. Vous avez tué quelqu'un mais vous
devez comprendre que vous n'avez tué
personne. Vous agissez, mais dites : "Je ne
fais rien."
Tous les gens qui sont présents ici ont des
noms différents. Si vous supprimez les noms,
ils ne sont plus qu'un, n'est-ce pas ? Quand il n'y
a plus de noms pour différencier, il n'y a
que l'unité. Un père qui a quatre
enfants est pourtant obligé de donner un
noms à chacun pour éviter la
confusion. Les noms ne sont donnés que par
commodité. C'est le corps et le mental qui
font toutes ces choses mais vous, vous ne faites
rien. Le monde est le résultat de la
connexion de deux fils, l'un positif, l'autre
négatif. Dans le sommeil tout
disparaît et au réveil le monde
apparaît. Il y a une déconnexion
totale quand le corps meurt, vous ne pouvez plus
alors revoir le monde. Mais ce monde est votre
concept, c'est en ce sens que je dis et
répète que vous êtes le
créateur du monde. Soyez le créateur
et vous comprendrez ; le monde s'effacera
alors automatiquement et vous en serez
libéré.
Vous devez éliminer le doute en vous car il
est ignorance. L'électricité ne sait
pas qu'elle donne la lumière, de même
la Réalité finale n'a ni connaissance
ni ignorance. Quand la déconnexion se
produit, tout disparaît. Disparu où ?
Ce qui n'a jamais existé a disparu... Si
vous touchez l'électricité vous
mourez, mais si vous touchez la connaissance, c'est
elle qui disparaît. Autrement dit, si
vous comprenez ce qu'est la connaissance, elle
disparaît automatiquement. Ni la connaissance
ni l'ignorance ne sont réelles. Ma
véritable nature est sans ignorance et sans
connaissance. Laissez les pensées
apparaître, mais sachez simplement : "Je n'ai
pas de pensées." Mourez à
vous-même puis, vivez !
Question : Ce matin, vous avez dit :
"Devenez Lui, le
maître-Réalité, et ensuite
immergez-vous dans la dévotion." Devons-nous
nous adonner à la prière et pratiquer
les chants de dévotion ici uniquement en
votre présence, ou aussi quand nous
rentrerons chez nous ? En fait, quelle valeur a
notre dévotion actuellement si nous
pratiquons seuls chez nous ?
Ranjit : C'est comme si vous me demandiez :
"Quand je serai chez moi devrai-je manger ou pas ?"
Cette question n'a pas lieu d'être. Vous
pouvez écouter un enregistrement des bhajans
et chanter en vous aidant du livre. Vous n'avez pas
besoin d'être réalisé pour
louer votre maître avec dévotion. Le
maître vous offre la connaissance, comment ne
pas lui en être reconnaissant ? C'est l'ego
qui vous empêche d'avoir de la
dévotion et qui vous fait dire : "Je suis
grand et puissant maintenant, pourquoi devrais-je
avoir de la vénération pour quiconque
?" L'ego est la chose la plus misérable qui
soit, il envahit votre mental à la
première occasion. Il est vrai qu'il y a une
différence entre la dévotion
accompagnée de la compréhension et
celle qui est pratiquée sans
compréhension. Un étudiant peut
devenir professeur, et peut-être même
surpasser son maître, mais il garde
malgré tout de la reconnaissance et du
respect pour celui qui lui a donné la
connaissance. Tant que le corps est là, vous
devez vous plier à un certain nombre de
choses. Si quelqu'un frappe à votre porte,
vous devez lui dire : "Entrez, je vous prie." Alors
pourquoi ne pas vénérer celui qui
vous a donné cette
compréhension ?
Question : Il y a une multitude de
façons d'exprimer sa dévotion qui ne
sont pas dans le cadre d'un rituel ou des chants de
louanges [bhajans], n'est-ce pas ?
Ranjit : Comme quoi, par exemple ?
Question : Vous pouvez penser à votre
maître et lui être reconnaissant sans
chanter les bhajans.
Ranjit : C'est l'ego !
Question : En êtes-vous sûr
?
Ranjit : Vous pouvez le faire à votre
manière, je ne dis pas non. Mais si vous
dites : "Pourquoi devrais-je avoir de la
dévotion ?", il s'agit là de l'ego.
Vous mangez et vous buvez, c'est naturel, mais
vénérer est tout aussi naturel. Bien
sûr, il ne s'agit pas d'en faire
étalage, vous le faites simplement parce que
vous avez foi en votre maître. Vous avez
besoin de vous souvenir de ce que le maître a
dit, de maintenir le contact. Loin des yeux, loin
du cur dit-on. Vous et le maître
n'êtes qu'un, mais tant que vous êtes
dans le corps, vous devez le vénérer.
Si la foi que vous avez dans votre maître est
sans faille, il vous conduira à la
Réalité. Le maître est partout,
il n'est jamais séparé de vous. Vous
et lui êtes Un.
|