CONNAISSANCE
SPIRITUELLE
ET
PACIFICATION
DU
DÉSIR
DE
SAVOIR
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Que
règne la paix et l'amour parmi tous les êtres
de l'univers. OM Shanti, Shanti,
Shanti.
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PARTIR
du
moment où l'être humain devient
conscient, il cherche à être de plus
en plus heureux. C'est l'origine de toutes les
formes d'activité dans l'univers. C'est
ainsi que l'univers lui-même a atteint
l'existence, par l'intermédiaire de la forme
atomique [atmique] de la conscience.
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Mais quelle est
cette conscience atomique ? Il n'y avait rien
pas même rien, aucun semblant
avant qu'apparaisse la connaissance de Soi. Dans
cet état sans état s'est
dressé la connaissance de l'existence, la
prise de conscience de son propre être.
En fait, il n'y avait ni temps, ni espace, ni
cause. La conscience était sans cause, il
est donc futile de vouloir en chercher une. Il
n'avait pas de temps, on ne peut donc pas la dater.
Il n'y avait pas d'espace, on ne peut pas non plus
la situer. Voilà pourquoi les
Védas, Shrutis et les grands
yogis, comme Shankara, déclarent, s'appuyant
sur l'expérience intuitive, qu'il n'y a ni
cause, ni temps, ni espace. Il n'y avait pas non
plus de soleil, car il n'y avait pas d'espace lui
permettant d'exister, et pourtant la conscience
atomique était là, elle était
ressentie comme telle et il n'y avait rien
d'autre.
Pourquoi ? Parce qu'il n'y avait rien, ni
au-dessus, ni au-dessous, à même d'en
prendre conscience. Seule la conscience
d'être était là. Combien de
temps a duré cet état ? Il n'existe
aucune possibilité de réponse. Le
grand miracle est que cet état d'existence
était présent et avec lui un
désir cosmique et sa réalisation
immédiate. C'est ainsi que le miracle s'est
matérialisé, miracle
désigné plus tard par le mot
Dieu.
En conséquence l'homme était
convaincu que partout où il y avait Dieu, il
y avait miracle et que partout où il y avait
miracle, il y avait Dieu. Cette conviction l'a
conduit à souhaiter que Dieu lui soit
propice. Mais il n'est pas parvenu à
comprendre la nature essentielle de Dieu. Chaque
peuple différent possède sa forme
particulière de dévotion et cette
forme se perpétue. Que Dieu et ses miracles
soient une seule chose est exacte, mais
l'interprétation de cette
vérité est multiple. Ici par exemple,
elle est différente de ce qu'elle est
ailleurs ; pour eux Dieu est unique, pour nous
c'est le contraire.
Celui qui ne désire que la vision de Dieu,
rien d'autre, peut seul la découvrir,
comprenez cela. Et la merveille des merveilles est
qu'il atteint également la béatitude.
Seule la scintillante conscience du Commencement
participe à cette béatitude, car elle
seule a la nostalgie de l'harmonie parfaite.
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La
conscience a traversé de multiples
incarnations. Ces incarnations sont des changements
de forme, de qualité et de situation
correspondant aux intérêts et aux
désirs de cette conscience. Quelle est
l'origine de tout cela ? C'est la persistance de
ces désirs, de ses "vouloirs". Une des
qualités de la conscience est la
possibilité spontanée de prendre
toute forme souhaitée. La conscience
atomique primordiale est en accord avec ces
"vouloirs" et leur réalisation est
instantanée. C'est ainsi que la conscience
est devenue multiple et omniprésente.
Cet ensemble chacun dans sa nature et forme
propre bien qu'apparemment multiple est
unique dans son essence, il a seulement
étendu son être et inclus toutes ses
possibles variations. L'énergie d'un atome
unique s'est diversifiée en un grand nombre
de centres, chacun possédant ses propres
particularités et sa propre volonté.
Cette situation a créé de multiples
conflits. À chaque instant la volonté
de ces centres innombrables s'exerce de
façon différente. Chaque "vouloir"
entrant en lutte avec les autres, il ne pouvait en
résulter qu'une grand confusion.
Généralement, l'atome de
volonté ignore le "pourquoi" et le "comment"
de son désir, mais sa réalisation se
doit d'être là. Le résultat
concret des désirs de ce "vouloir" atomique
peut être observé au moment de la
destruction cosmique, quand l'univers entier est
réduit en cendres.
Mais les "vouloirs" imprégnés d'amour
ne sont pas, eux, tous effacés. Les grands
moments de joie de ce monde sont dus à ces
"vouloirs". La qualité de l'énergie
individuelle alimentant le vouloir est toujours
opérante, elle appartient à son
essence et relève de la Force
Première.
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Personne
ne peut devenir conscient de soi-même en
dehors de cette qualité. Quiconque a
l'expérience du Soi le doit à cette
qualité. Se considérer comme quoi que
ce soit d'autre est un péché, une
dégénérescence ; c'est
créer la dualité. L'énergie
primordiale qui a scintillé à
l'origine a éprouvé un désir,
à la suite de quoi elle est devenue
multiples centres de "vouloir". En
réalité elle est une et
homogène mais, en raison de l'ignorance,
elle paraît hétérogène.
La créature se considère comme une
chose différente mais, en
réalité, il n'y a aucune
transformation de la fibre originelle. La seule
chose différente est cette idée
stupide de différence. Elle peut être
effacée par la pratique de upasana. Par
cette pratique l'unité ultime sera
atteinte.
Il a été déclaré plus
haut qu'il n'y ni temps, ni espace, ni cause, au
moment du premier frémissement de
l'énergie atmique. À quoi bon,
direz-vous, parler de toutes ces
caractéristiques et ces différents
concepts ?
La raison est la suivante. Le tressaillement de
cette énergie atomique est nommé par
le Vedanta : Le Grand Principe. La qualité
essentielle de ce principe est la conscience. Cette
conscience, "consciente d'être consciente",
se déploie instantanément en
éther [akasha]. Comment
pourrions-nous être conscient du temps si
cette conscience n'existait pas ? Ce vaste
déploiement de l'éther est l'espace.
On peut en déduire que les trois ne sont
qu'un Seul, Unique Grand Principe.
C'est une seule qualité qui a
transformé ce principe en espace, temps et
cause. Ensuite sont apparus les trois gunas et les
cinq éléments. La rapidité de
cette opération est littéralement
inconcevable. La conscience se transforme en
éther, qui a son tour devient espace. Le
scintillement originel s'est déployé
en espace et il est devenu air. L'air a
réuni sa force vive et le feu est né
à l'existence. La vibration du feu
s'intensifia, il devint froid et là
était l'eau. L'eau se refroidit encore et
elle se transforma en terre.
Toutes ces caractéristiques des formes
précédentes sont cristallisées
dans la terre et les vibrations de ces formes se
trouvent en elle. En vertu de ces
différentes qualités sont apparus
d'innombrables êtres vivants et
d'innombrables végétaux ; mais au
sein de tous le tressaillement de la Force
Première est présent.
Le scintillement originel qui a
précédé l'éther est
présent dans chaque électron, dans
chaque proton et il augmente continuellement sa
puissance. Aussi longtemps que la palpitation de
l'atome est effective, chacun de ses
éléments est en mouvement. Le
Principe originel imbibe l'ensemble de la
manifestation et tous ses composants. Qu'ils soient
matière inerte ou êtres vivants, la
Force Première est en eux continuellement
agissante.
La créature ignorante pense qu'elle peut
"faire" quelque chose, que cela peut être
bien ou mal ; elle se ressent comme heureuse ou
malheureuse. mais la conscience originelle ne
perçoit rien d'autre qu'elle-même.
Elle n' a pas d'organes, néanmoins elle agit
au travers d'innombrables organes. Elle n'est
jamais polluée et ne pourra jamais
l'être. La conscience, enfermée dans
cette structure physique dérisoire, souffre
de ses propres limitations. Les multiples centres
de conscience entourés d'adjonctions
limitatives, pensent être différents
de la source originelle. Mais il n'y a qu'un
être, qu'un esprit, qu'une qualité ;
sans forme, sans parties, au-delà du temps,
au-delà de l'espace, débordante
d'immensité : la pure conscience qui est
Une.
Il n'y a là aucune possibilité de
différence, de distinction. Tout arrive au
moment voulu en accord avec la loi qui nous domine
tous. Mais la créature, abusée par le
souci de désirs dérisoires, de "moi
et de "mien", souffre inutilement ; elle se limite
seulement à sa personne. Mais tout se
matérialise au moment adéquat. Quand
Ravanah devient intolérable, Râma
apparaît pour vous soulager. Quand Kama
devient tyran, Krishna est là pour la
contrer.
Voilà comment se maintient l'alternance des
hauts et des bas. La force qui contrôle tous
ces événements est toujours la
même. Elle ne change jamais. Il n'est pas
possible qu'il existe un Dieu à une
époque et un Dieu différent à
une autre, c'est pourtant ce que pense la
créature ignorante. Un élément
unique donne naissance à la magnificence de
cet univers manifesté. En l'absence de cet
élément simple, il n'y a qu'absolu
silence.
Quand cette qualité unitive est reconnue et
totalement acceptée, le cur se fond
dans le Cur, la confidence dans le Confident.
Il existe alors un sens suprême de
l'unité originelle de toutes choses, un sens
de l'inaliénable et mutuelle unité de
toutes choses. Et en plus, une claire conscience de
l'appartenance à l'Un de tous les
différents caractères présents
dans la manifestation. Alors la suprême
réalité est atteinte ; c'est
appelé le Soi suprême. Tout temps,
tout espace et toutes causes sont devenus Un pour
l'éternité. Seul l'Un est
omniprésent et éternellement actif.
Il ne connaît ni gain, ni perte, ni mort. Il
est non-né, sui-generis, éternel et
pourtant il naît à chaque instant et
se manifeste à chaque époque. Toute
connaissance intellectuelle et spirituelle
s'arrête ici.
Texte
écrit par Nisargadatta Maharaj dans les
années
1950.
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