AVADHUTA
GITA
La
Réalité est seule partout
égale,
disent les sages.
C'est en renonçant aux passions
que la pensée cesse d'être une ou
multiple.
Les textes sacrés nous disent de mille
façons
que tout cet univers, du ciel jusqu'à la
terre,
n'est que l'eau d'un mirage.
Si tu es identique à l'Un, égal en
toute chose,
Pourquoi pleurer, Ô Pensée, toi qui
partout es la même ?
Quand il n'y plus rien, plus rien à
rechercher,
il n'est plus rien, plus rien, à
désirer.
C'est immergé dans la perception de
l'égalité des choses,
c'est concentré et purifié
que l'Avadhuta dit la Réalité
ultime.
Le mobile et l'immuable sont irréels,
Le visible et l'invisible sont irréels.
si seule la Réalité est en soi,
Pourquoi pleurer, Ô Pensée, toi qui
partout es la même ?
Ni espace dans la jarre,
ni jarre, ni corps ni âme,
Nulle répartition entre cause et effet,
Pourquoi pleurer, Ô Pensée, toi qui
partout es la même ?
Père, mère, famille, race,
naissance, mort n'ont jamais pour moi
d'existence.
Comment parler alors de passion et d'illusion ?
Ma nature est Béatitude, je suis libre.
Ils renoncent à toute méditation,
ils renoncent à toute action, bonne ou
mauvaise,
Ils boivent, Ô mon amie, le nectar du
renoncement,
ceux qui sont sages.
Ma nature est Béatitude, je suis libre.
Les Écritures disent toutes que la
Réalité
est immatérielle, pure, immuable,
sans corps physique, partout égale.
Je suis cette Réalité, sache-le, sans
nul doute.
Ce qui a une forme est irréel, sache-le,
seul le sans-forme est éternel.
c'est par la transmission de cette
vérité
Qu'on ne reconnaît pas de renaissance.
TOUKARAM
Quelle main fait mouvoir mon corps,
qui me fait parler, sinon le Seigneur ?
Qui me fait voir, qui me fait entendre ? Narayana
seul.
Ne manque pas à lui offrir ton
adoration.
C'est Dieu qui crée en moi l'illusion
d'être un moi
quand je dis : "Moi, j'agis."
Sa main fait frémir les feuilles des arbres
;
où mon moi pourrait-il trouver place ?
Vitho remplit tout l'univers, dit Toukâ ;
quel être vivant ou inanimé pourrait
être
sans sa présence ?
Si tu veux faire une visite,
visite les saints :
ne pense à aucune autre occupation;
Ils cherchent un seul trésor, Dieu :
leurs lèvres ne murmurent aucun autre
nom.
Si tu désires des compagnons,
choisis les saints :
ne pense à aucune autre amitié.
Si tu veux t'asseoir,
fais-le parmi les saints :
ne pense à aucun autre repos.
Si tu veux marcher,
va au village des saints :
ils te donneront la paix.
Les saints, dit Toukâ,
un océan de bonheur :
ils te donneront d'infinies richesses.
Je suis aveugle de nature
dans mon visage sans traits.
Le mouvement m'est immobile.
D'hommes, je n'en vois pas.
Je demeure en ce lieu
où "je" et "mien" sont tombés.
tout le visible m'est invisible.
Détaché du néant,
mon bonheur est un sommeil
sur le sommet de la montagne
où je reçus sans rien donner.
J'ai laissé choir le vase
des désirs bons et mauvais,
j'ai quitté la ronde hurlante
de mes trois puissances.
Alors, j'ai reçu assurance
de ne jamais plus mendier :
la vingt-cinquième heure est venue
qui combla tous mes souhaits.
Visage levé, je murmurais
sans fin ces mots "moi, lui",
qui réveillèrent le sans visage,
affolèrent d'amour le donneur.
Il m'offrit en charité
sa connaissance de Soi et son Être.
Me voici dans sa nature immergé,
seuls nos noms maintenant diffèrent.
Ces deux mots sont une source
de bénédictions multiples :
je les donnerai à mon tour
à qui viendra trouver.
Ces deux mots sont la route
qui toujours conduisit les saints
Ils sont sauvés, sauvés,
et tant d'autres par cette foi.
C'est le seul essentiel,
avoir foi totale.
La raison est un brigand
qui nous pille quand nous allons.
Dénoue les attaches du monde,
dévoue-toi à cette seule foi,
c'est le chemin que tracèrent
tous les saints de jadis.
RAMAYANA
DE
TULSIDAS
Désir, colère, cupidité,
orgueil
composent l'armée redoutable de
l'Égarement,
Mais parmi eux tous, le plus terrible ennemi,
c'est encore la Femme, cette incarnation de
l'Illusion !
Ecoute, O Sage, ce qu'enseignent les Veda,
les Puranas et les saints :
La Femme est comme le Printemps dans la forêt
de l'Illusion,
Comme l'été brûlant, capable
d'assécher les sources et les étangs
de
la prière, des pieuses observances et des
austérités !
Elle est la saison des Pluies qui revigore les
grenouilles
de la concupiscence, de la colère, de
l'orgueil et de la jalousie,
Elle est l'Automne qui fait s'épanouir en
masse
les nénuphars des mauvaises pensées
!
Elle est l'Hiver qui afflige et détruit
Tous les champs de lotus du Dharma,
Et la Femme est encore la Saison des frimas
Qui fait reverdir l'arbre Javasa de
l'égoïsme !
La Femme est semblable à la nuit sombre et
funeste
Favorable aux hiboux du péché,
Semblable à un hameçon mortel
Aux poissons de la conscience et de la force
d'âme !
RAMANA
MAHARSHI
Celui qui est oublieux du Soi, le prenant à
tort pour le corps physique et qui passe ainsi par
d'innombrables existences, est pareil à
quelqu'un qui erre à travers le monde entier
dans un rêve. Par conséquent,
réaliser le Soi équivaut tout
simplement à se réveiller des
vagabondages d'un rêve.
Celui qui se demande "Qui suis-je ?" et "Où
suis-je ?" bien qu'il n'ait jamais cessé
d'être le Soi, est semblable à un
ivrogne qui s'informe de sa propre identité
et du lieu où il se trouve.
Tandis qu'en réalité le corps est
dans le Soi, celui qui croit que le Soi est
intérieur au corps grossier est comparable
au spectateur qui considérerait que la toile
de l'écran qui supporte une image
projetée est contenue dans l'image.
Un joyau existe-t-il séparément de
l'or dont il est fait ? Où est le corps s'il
est en dehors du Soi ? Celui qui considère
que son corps est lui-même, est un ignorant.
Celui qui se voit lui-même en tant que le Soi
est l'Illuminé qui a réalisé
le Soi.
Le Soi seul existe éternellement. Puisque
l'Antique Maître, Dakshinamurti, le
révélait lui-même par un
silence éloquent, qui d'autre pourrait le
communiquer par la parole ?
Vous êtes "conscience". "Conscience" est un
autre nom pour vous. Du moment que vous êtes
"conscience", il n'y a pas besoin de l'atteindre ni
de la cultiver. Tout ce que vous avez à
faire, c'est de cesser d'être conscient
d'autres choses, c'est-à-dire de ce qui
n'est pas le Soi. Si vous cessez d'y prêter
attention, alors, seule demeure la pure conscience,
et c'est cela le Soi.
Voir Dieu, c'est être Dieu. Il n'y a pas de
totalité en dehors de Dieu que
lui-même puisse investir. Lui seul est.
Le renoncement n'est pas ailleurs que dans l'esprit
; ce n'est pas en allant dans les forêts, ou
dans des endroits retirés, ou en abandonnant
ses obligations, qu'on y parvient. La chose
importante est de vérifier que l'esprit ne
se tourne pas vers l'extérieur, mais vers
l'intérieur. La décision d'aller
à tel ou tel endroit, d'abandonner ou non
ses obligations, n'appartient pas à l'homme.
tous ces événements se produisent en
fonction de notre destin. dès notre
entrée dans l'existence, les
activités que doit accomplir le corps sont
fixées. il ne vous appartient pas de les
accepter ou de les rejeter. la seule liberté
que vous possédez est de tourner votre
esprit vers l'intérieur et par là
même, renoncer à
l'activité.
Les sages disent que seul l'état
d'équilibre, débarrassé de
l'ego, est le samadhi du silence, le sommet de la
connaissance. Jusqu'à ce que l'on atteigne
ce samadhi, dans lequel on est chacun la
Réalité sans l'ego, il faut se
contenter d'avoir comme objectif l'annihilation du
"je".
Cherchez à qui la question se pose. Tant que
celui qui pose la question n'a pas
été trouvé, la question
restera sans réponse.
SIDDHARAMESHWAR
MAHARAJ
L'absence du moindre désir est
détachement. Cela rend courageux. Sans cela,
il vous est impossible d'être libre de la
peur. On ne doit pas être dépendant
des autres, comme lorsqu'on se dit : "Si je ne
mange pas quelque chose, je vais mourir."
Désirer la félicité du Soi,
c'est désirer la félicité
intérieure. Ceux qui accumulent des
millions, puis s'en vont dire aux autres ce qu'est
la connaissance [jnana] de la
Réalité ne se font aucun bien, au
contraire, ils fraudent.
Ne pas être attaché aux sens c'est le
célibat. Avec force et détermination,
tout est possible. Lorsqu'on devient
dépendant, alors il faut penser à
Rama pour qu'il nous aide. Si la force et la
détermination sont présentes, la peur
diminue. Il est alors plus facile de penser
à la "connaissance". Un homme fort et
déterminé comprend mieux la
connaissance. La vertu est un indicateur du
contrôle des sens.
L'orgueil doit disparaître. "Je suis le
corps, mes richesses, mon enfant, je suis une
personne respectable, mon épouse, ma
famille." Tant que subsistent ces idées, il
ne peut y avoir "connaissance" véritable.
Après la réalisation du Soi,
l'aspirant considère son Maître comme
le plus grand de tous. Il a le sentiment de Lui
appartenir.
La connaissance spirituelle qui ne s'accompagne pas
de l'adoration est sans fondement. S'il n'y a pas
de dévotion [bhakti], il ne peut y
avoir de connaissance. La dévotion est la
mère de la connaissance. Point de
connaissance, sans la grâce du Maître.
Quand cette grâce advient-elle ? Uniquement
lorsque la dévotion est constante. Alors,
même la boue se transformera en or. Le
Sadguru est votre gardien. Pourquoi vous
inquiéter des autres alors qu'Il est votre
protecteur ?
ELLAM
ONRU
Le connaisseur de l'Unité agit de la
meilleure des façons. C'est la connaissance
de l'Unité qui le fait agir. Il ne peut se
tromper. Dans le monde, il est Dieu devenu visible.
Tout est Un.
Toute action appartient à Dieu. Son Oeuvre a
inscrit chaque chose dans ses fonctions
individuelles. C'est par Lui que les êtres,
animés ou inanimés, jouent leur
rôle. Toutes les actions Lui
appartiennent.
RANJIT
MAHARAJ
Les méthodes engendrent d'innombrables
frustrations et ne donnent aucune satisfaction
réelle. La Réalité est sans
méthode. L'illusion dispose de nombreuses
méthodes, de nombreux problèmes, et
de nombreux concepts. Pour vaincre l'illusion, ou
les concepts, il faut se demander d'où
proviennent toutes ces pensées. Penser
concerne toujours des objets. Pour connaître
la Réalité dépourvue de
pensée, il n'est nul besoin de penser.
L'éveil n'est rien d'autre qu'une profonde
et totale compréhension. La
Réalité n'a pas à être
atteinte, elle est déjà là.
Rien n'est necessaire au-delà de cette
compréhension totale.
Les gens ne comprennent pas que l'illusion n'est
rien. Comment peut-elle vous empêcher?
Comment 'rien' peut-il vous empêcher?
Ce que vous voyez et percevez est en vous et non
à l'extérieur. Vous n'êtes pas
le corps. Si le mental se saisit d'une
pensée et s'y attache, toute chose sera
alors vue comme "autre" qu'elle [la
Réalité].
SANT
SAMARTH
RAMDAS
Méfiez-vous des faux prophètes qui
prétendent être des Gurus spirituels,
mais qui ne valent pas plus qu'un fétu de
paille. Se faisant passer pour un vedantin
advaitin, il ignore toute différence entre
bon et mauvais, bien et mal, saint et profane et se
conduit avec autant de promiscuité qu'il le
désire. On doit vérifier par
soi-même avec le plus grand soin si le Guru
auquel on voudrait s'adresser a bien
réalisé Dieu et a également la
capacité de Le faire réaliser aux
autres.
Le monde n'est pas autrement qu'irréel pour
celui qui est absorbé dans la
méditation sur le nom de Rama [Dieu]
et par la vision de Rama ; le monde
phénoménal entier ne lui
apparaîtra pas autrement que tel un
rêve au dormeur.
La parole, le mental et l'intellect sont, sans
l'ombre d'un doute, incapables d'appréhender
l'Absolu. Ce que cela signifie en
réalité, c'est que l'Absolu peut
être réalisé sans leur aide, et
que la félicité peut survenir sans
avoir été au préalable
désirée ou voulue.
Si vous désirez voir Dieu, il vous faut
franchir le portail de ce monde
phénoménal.
La caractéristique principale du Saint c'est
qu'il est constamment absorbé par la vision
de Dieu quelle que soit sa condition ou son
activité dans la société.
Comme la Réalité, il devient sans
peur, et dénué des imperfections
telles que la colère, la jalousie,
l'assouvissement des désirs des sens,
ect...
Ce qui est essentiel dans la vie spirituelle c'est
la combinaison de la réalisation de la
Réalité avec la renonciation à
toute autre chose. Si on ne rejette pas avec
dégout les choses non divines, la
connaissance de Dieu ne sera que verbale, et
l'évolution de la réalisation de Dieu
en sera grandement empêchée. Mais,
sans la réalisation de Dieu, le renoncement
n'est que semblant. On doit donc se libérer
intérieurement et extérieurement.
MA
ANANDAMAYI
Dans la vision réelle, il n'y a pas
un-qui-voit et le vu. La vision réelle est
sans yeux.
Vérité en parole,
vérité en action.
Rappelez-vous tout au long de ce jour que la
répétition de Son Nom a assez de
pouvoir pour balayer toutes vos erreurs ; celles de
cette vie, celles de vos vies passées.
Ceux qui ne cherchent pas à se
connaître, se suicident à chaque
instant.
Demandez-vous : "Pourquoi est-ce que je pense
trouver du plaisir dans les choses
passagères de ce monde ?" Si vous avez soif
des choses extérieures ou si vous vous
sentez attirés par une personne, vous
devriez faire une pause et vous dire : "Fais
attention, tu est fasciné par l'éclat
de ceci !" Y-a-t-il un endroit où Dieu ne
serait pas ?
Se languir de voir la fin du vouloir, explorer et
pénétrer jusqu'à la racine de
ce que vous percevez est votre propre nature. Quand
vous achetez des vêtements, vous choisissez
un tissus solide et qui ne s'usera pas rapidement ;
même cette action est indication de votre
tendance innée à rechercher ce qui
est éternel. Il est de votre nature
d'implorer la révélation de Cela qui
Est, l'Éternel, la Vérité, la
connaissance illimitée. Voilà
pourquoi vous ne ressentez aucune satisfaction avec
ce qui est éphémère,
l'irréel, l'ignorance, les limites. Votre
nature véritable est d'aspirer à la
révélation de ce que vous ETES.
RAMAKRISHNA
Si vous désirez ardemment devenir bons
et purs, Dieu vous enverra le Sadguru, le vrai
Instructeur. La continuité de votre
désir est la seule chose
nécessaire.
La connaissance pure et l'amour pur sont exactement
similaires. La connaissance [jnana]
mène au but, qui est aussi atteint par
l'adoration [bhakti].
Tant que l'expansion céleste de notre
cur est troublée par le souffle du
désir, il y a peu de chance que nous
puissions y voir le reflet de Dieu. La vision du
Seigneur ne s'élève que dans une
âme calme et dans l'extase divine.
L'argent ne peut que vous procurer du pain. Ne le
considérez donc pas comme votre seul
but.
Pour les advaitistes, l'Absolu est la seule
Réalité. l'univers [jagat]
est irréel [mithya] lorsqu'on le
considère du point de vue de l'Absolu. Pour
l'Absolu ou Indifférencié, l'univers,
l'homme et les autres créatures
[jivas] sont irréels, car la seule
Réalité est l'Absolu.
Les âmes engluées dans le monde ne
peuvent s'élever jusqu'à Dieu
elles restent captives de la "femme et l'or",
même si ces choses ne leur apportent que des
humiliations.
Quand l'attachement à "la femme et l'or" est
effacé de l'esprit, que reste-t-il dans
l'âme ? uniquement le bonheur de la
Réalité.
Lorsqu'un éléphant est
lâché en liberté, il
déracine les buissons et les arbres, mais si
son cornac le frappe sur la tête avec un
aiguillon, il se calme aussitôt. Ainsi
l'esprit non discipliné vagabonde à
travers une abondance de pensées inutiles,
mais il se calme dès qu'il est frappé
par l'aiguillon du vrai discernement.
Le réel est l'éternel,
c'est-à-dire Dieu. L'irréel, c'est ce
qui est évanescent. Il faut discriminer
entre les deux lorsque le mental se met à la
poursuite de choses éphémères.
Lorsque l'éléphant tend sa trompe
vers des bananiers qui n'appartiennent pas à
son Maître, le cornac lui donne un coup
d'aiguillon.
H. W.
L.
POONJA
Penser advient quand tu veux devenir quelque
chose. Alors, il faut que tu penses. Mais, pour ne
rien devenir, que dois-tu faire ? Demeure tel que
tu es !
La liberté est toujours ici, c'est la
sainteté qui manque. Que vas-tu pouvoir
offrir au Suprême, si tu as voué ton
Cur à quelque chose d'autre ? On
n'offre à Dieu qu'une fleur qu'aucun nez n'a
humée, Seul est indispensable l'amour pour
le Soi.
Sois humble et consacré au Soi.
Le dévot, l'authentique dévot, Est le
Cur du Divin.
Quand ton ébriété
dépend de quelqu'un d'autre, tu triches avec
toi-même, tu te trompes toi-même.
Aucune bonne ivresse ne viendra jamais d'une source
autre que ton Soi. Nul ne te donnera le bonheur,
personne ne t'accordera la paix. Découvre
cela par toi-même. Seul un esprit
troublé estimera pouvoir trouver le bonheur
ailleurs. Cet amour et cette beauté verront
le jour si tu demeures en paix dans cet instant
unique. Alors il te sera donné d'avoir
accès à Tout.
Vichar devrait continuer chaque instant de ta vie,
naturellement, comme tu respires, jusqu'à
ton dernier souffle. Comme dit mon Maître :
"Recherche qui tu es dedans, jusqu'à ce
qu'il ne reste plus personne pour chercher."
Demande-toi : "Qui suis-je ?" Patiemment, sagement,
sincèrement, interroge-toi, pure Conscience,
tournée au-dedans. Une fois face à
face avec le Soi, il ne te reste plus qu'à
demeurer silencieux.
Cette quiétude n'est pas le fruit du mental,
elle ne remue même pas la pensée-je.
Cette tranquillité est le repos, la
prière exaucée qui veut que la paix
règne, Elle est la demeure
éternelle.
KABIR
Mon mental a cessé de battre le tambour
:
Je ne danserai plus à son rythme
endiablé !
Luxure, colère, erreur : j'ai tout
jeté au feu,
Et j'ai brisé le vase de la cupidité
!
La robe du désir est maintenant
usée,
Et l'illusion s'est dissipée !
J'ai reconnu l'Un dans toutes les créatures
:
Finies les polémiques et les joutes
oratoires !
Dit Kabir : par la grâce de Ram,
Je l'ai trouvé, Lui, le Suprême !
Même en offrant de l'or, on ne peut gagner
Ram :
On ne peut Le gagner qu'au prix de son cur
!
Maintenant que Ram est mien
Mon cur a retrouvé la paix !
Malgré le flot de sa parole,
Brahma ne put découvrir Ses limites !
Ram a Sa demeure chez le dévot
Qui reste assis en paix !
Je me suis libéré de mon mental
instable,
Dit Kabir, pour me mettre au seul service de Ram
!
NISARGADATTA
MAHARAJ
Si le monde était réel, il pourrait
exister un moyen, une sorte de traitement [pour
atteindre la béatitude], mais le monde
étant irréel, tout ce que vous
pourrez faire ne servirait à rien.
Malgré tous vos efforts vous ne distinguez
qu'un chaos généralisé et vous
ne pouvez pas l'arrêter car il est dans un
continuel état de flux. Cet ensemble n'est
pas réel. Après avoir
écouté ces entretiens avez-vous
acquis et mis en réserve un nouveau savoir
ou au contraire celui que vous possédiez
s'est-il dissous ?
La vraie connaissance, la Réalisation, ne
peut se produire que lorsque tous les concepts
possibles ont été abandonnés
et elle ne peut venir que de l'intérieur de
vous.
Je ressens les choses de la vie tout comme vous. La
différence se trouve dans ce que je ne
ressens pas. Je n'éprouve ni peur ni envie,
ni haine ni colère, je ne demande rien, je
ne refuse rien, je ne conserve rien. Sur ces
questions je ne transige pas. Peut-être
est-ce la différence la plus marquante qu'il
y ait entre nous. Je n'accepte pas de
compromission, je suis sincère avec
moi-même, alors que vous avez peur de la
Réalité.
Ce qui est important, ce n'est pas ce que vous
faites, mais ce que vous cessez de faire. Les gens
qui entament leur sadhana sont tellement
fiévreux et agités qu'il faut les
tenir très occupés pour les maintenir
dans la voie. Une routine absorbante leur est
excellente. Avec le temps, ils se calment et
abandonnent l'effort. La peau du "je" se dissout
dans la paix et le silence et l'intérieur et
l'extérieur deviennent un. Il n'y a pas
d'effort dans la vraie sadhana.
Au lieu d'attendre une réponse à
votre question, cherchez plutôt qui pose la
question, et ce qui l'incite à la poser.
Très vite vous découvrirez que c'est
le mental aiguillonné par la crainte de la
douleur qui pose la question. Et dans la peur vous
trouvez la mémoire et l'anticipation, le
passé et l'avenir. L'attention vous
ramène dans le présent, le
maintenant, et la présence dans le
maintenant est un état qui est toujours
à portée de la main mais que l'on
remarque rarement.
Avec un bon Maître, le disciple apprend
à apprendre, et non à se rappeler et
à obéir. Satsang, la compagnie des
sages, ne forme pas, elle libère.
Méfiez-vous de tout ce qui vous rend
dépendant. La plupart de ces
prétendus "abandons au Guru" se terminent
dans le désappointement, sinon dans la
tragédie. Heureusement, le chercheur
sérieux se dégage à temps,
rendu plus sage par son expérience.
La réalisation, c'est réaliser le
fait que vous n'êtes pas une personne. Ce ne
peut donc pas être le devoir de la personne
dont la destinée est de disparaître.
La destinée est le devoir de celui qui
s'imagine être une personne. Découvrez
qui il est et la personne imaginée se
dissoudra. La liberté est toujours de
quelque chose. De quoi serez-vous
libéré ? Il est clair qu'il faut que
vous vous libériez de la personne que vous
prenez pour vous car c'est l'idée que vous
avez de vous-même qui vous retient dans les
liens.
Si vous connaissez ce que vous enseignez, vous
pouvez enseigner ce que vous connaissez. Ici, la
vision et l'enseignement ne font qu'un. Mais la
Réalité absolue est au-delà
des deux. Le Guru qui s'arroge ce titre parle de
maturation et d'effort, de mérite et
d'accomplissement, de destinée et de
grâce ; ce ne sont que les formations et les
projections mentales d'un esprit intoxiqué.
Au lieu d'aide, ce sont des empêchements.
Ne faites confiance à personne
jusqu'à ce que vous soyez convaincu. Le vrai
Guru ne vous humiliera jamais, pas plus qu'il ne
vous détachera de vous-même. Il vous
ramènera constamment à votre
perfection inhérente et il vous encouragera
à chercher en vous, à
l'intérieur. Il sait que vous n'avez besoin
de rien, pas même de lui, et il ne se fatigue
jamais de vous le rappeler. Mais celui qui s'est
lui-même instigué Guru
s'intéresse plus à lui qu'à
ses disciples.
Dans la vie, on ne peut rien obtenir sans surmonter
des obstacles. Les obstacles qui s'opposent
à une claire perception de son être
véritable sont le désir du plaisir et
la peur de la souffrance. L'obstacle, c'est la
motivation plaisir-douleur. L'état naturel
est l'état où nous sommes
libérés de toute motivation,
où aucun désir ne se manifeste.
[Dieu vient dans une forme] en accord avec
vos espérances. S'il vous arrive
d'être malheureux et que quelque âme
sainte vous donne un mantra pour vous porter
chance, et que vous le répétiez avec
foi et dévotion, votre chance tournera
presque certainement. Une foi solide est plus forte
que le destin. La destinée n'est que le
résultat de causes, accidentelles pour la
plupart ; elle n'est donc tissée que d'une
manière très lâche. La
confiance et une espérance juste la
surmonteront aisément.
Je ne vous demande pas de cesser d'être,
cela, vous ne le pouvez pas. je vous demande
simplement d'arrêter d'imaginer que vous
êtes né, que vous avec eu des parents,
que vous êtes un corps, que vous mourrez,
etc. Essayez, faites un pas. Ce n'est pas si
difficile que vous le croyez.
Renoncez à toutes les questions sauf une :
"Qui suis-je?" Après tout, le seul fait dont
vous soyez sûr c'est d'être. Le "je
suis" est une certitude, le "je suis ceci" n'en est
pas une. Luttez pour trouver ce que vous êtes
réellement.
BRIHADARANYAKA
UPANISHAD
En vérité ce n'est pas le mari que la
femme aime,
mais le soi qui est en lui.
En vérité ce n'est pas
l'épouse que l'époux aime,
mais le soi qui est elle.
KATHA
UPANISHAD
Le Soi qui connaît n'est jamais né
[pas plus l'homme libéré !]
et ne meurt à aucun moment. De rien, il est
issu et rien n'est issu de lui. Antérieur
à toute chose, il n'est pas détruit
lorsque le corps est détruit. Plus infime
que l'infiniement petit, plus immense que
l'infiniement grand, le Soi est
enchâssé dans le cur de chaque
créature. L'homme libre de désirs et
de luttes le contemple, lorsque ses sens et son
mental sont pacifiés ; il est alors
libéré de tout chagrin.
SARVASAROPANISHAD
Le Soi est Dieu : si l'âme incorporée
[jiva], surestimant le corps et les autres
qui n'ont pas la nature deu Soi, leur prête
la nature du Soi, cette surestimation est le lien
du Soi. La faire cesser est la délivrance.
Celle qui cause cette surestimation est
l'ignorance. Celle qui fait cesser cette
surestimation est la science.
KENOPANISHAD
Connu à l'arrière-plan de chaque
pensée, Il est réalisé,
car on atteint [ainsi]
l'Immortalité.
Puisque par le Soi on atteint la vigueur,
par Sa connaissance on atteint
l'Immortalité.
ADI
SHANKARACHARYA
Dû à l'illusion, le monde
apparaît faussement dans le Soi
dont la nature est vérité,
connaissance et félicité.
Tel un rêve dû à l'illusion du
sommeil, il n'est pas réel.
Pur, plein, éternel et unique, je suis la
Réalité.
Je n'ai ni naissance ni croissance ni mort.
Toutes ces caractéristiques de la nature
sont dites pour le corps.
La condition d'agent en premier n'est pas à
mon soi de
pure Conscience, mais seulement à l'ego. Je
suis la Réalité.
À part mon Soi, rien d'autre ici
n'existe.
En vérité, le monde extérieur
est un objet produit par illusion,
Comparable à une image dans un miroir.
Il apparaît en moi qui suis la
non-dualité. Je suis donc la
Réalité.
Il n'y a ni précepteur ni précepte,
ni disciple ni acte d'enseigner, ni toi ni moi ni
ce monde. La connaissance de sa propre nature
exclut le doute. Je suis donc unique, ultime,
propice et pur.
De plus, puisque le Soi est tout
pénétrant, qu'il est appelé le
Bien suprême, qu'il est Sa propre preuve et
qu'il n'a d'autre substrat que Lui-même, tout
l'univers différent de Lui est
irréel. Je suis donc unique, ultime, propice
et pur.
L'élan vers la délivrance est le
désir fervent qui pousse l'aspirant à
s'affranchir, en réalisant sa
véritable nature, de toutes les formes de
servitude, depuis celle du sentiment du moi
jusqu'à celle du corps grossier, car, de la
première à la dernière, elles
ne sont que des surimpositions de l'ignorance.
Entre tous les moyens qui concourent à la
libération, c'est à la
dévotion que revient la place d'honneur.
L'effort auquel se livre l'aspirant pour
réaliser sa propre et véritable
nature, nous lui donnons le nom de
"dévotion".
Quiconque s'efforce de réaliser le Soi et,
tout à la fois, accorde à ce corps
grossier une attention excessive, agit comme cet
insensé, qui pour traverser une
rivière, croit prendre appui sur un tronc
d'arbre, alors qu'il serre un crocodile entre ses
bras !
Ce corps physique, composé de peau, de
chair, de sang, d'artères, de veines, de
graisse, de moelle et d'os, doit être l'objet
de ton mépris ! N'est-il pas, au surplus,
rempli de substances vénéneuses ?
Celui qui observe tout le spectacle, mais que nul
spectateur n'a jamais observé ; celui qui
illumine tous les objets, y compris l'intellect,
mais qu'aucun d'eux ne saurait illuminer
c'est l'Absolu] !
Pour s'affranchir de toute sujétion, l'homme
sage doit discerner le Soi et le non-Soi ; c'est
par la discrimination seule qu'il connaîtra
son propre Soi en tant que "sat-chit-ananda", et
qu'il goûtera le vrai bonheur.
Certes, il est à jamais libéré
celui qui aussi aisément que s'il
avait à séparer une tige de
graminée de sa graine enveloppante
sait discriminer les objets des sens et le Soi
Ce Soi qui est toujours présent dans
la caverne du cur Ce Soi absolument
inconditionné Ce Soi qui n'agit pas.
La discrimination faite, l'aspirant peut immerger
en ce Soi tous les objets de l'Univers. Et
s'établir à demeure en l'état
de parfaite identification avec "Cela".
L'identification dont tu es actuellement victime, a
pour siège le corps physique.
Transfère cette identification au Soi lequel
est "sat-chit-ananda". Abstiens-toi
également de t'identifier avec le corps
subtil : sois jaloux de ta solitude, jaloux de ton
indépendance !
Quand les désirs égoïstes
foisonnent, les actes se multiplient, et, si
l'activité intéressée
s'intensifie, le désir se trouve encore
renforcé. la transmigration est ainsi pour
l'homme une servitude éternelle.
Lorsqu'on s'abstient d'actes inspirés par le
sentiment du moi, on ne s'échauffe plus pour
les objets des sens, et la destruction des
désirs s'ensuit tout naturellement. Or, la
destruction des désirs n'est pas autre chose
que la délivrance ; voilà ce qu'on
appelle la libération en ce corps de chair
[jivanmukti].
Lorsqu'un disciple, si réfléchi qu'il
soit, conserve à son insu quelque
désir pour un objet des sens, il paie cher
son inadvertance ; les mauvaises propensions de la
buddhi lui infligent d'interminables tourments : le
souvenir d'une femme passionnément
aimée hante sans trêve la
mémoire de l'amant solitaire.
Maîtriser ce pouvoir de projection avant que
le pouvoir d'obnubilation ait été
réduit à l'impuissance, C'est une
tâche ardue, mais le recouvrement qui masque
le Soi, se dissipe de lui-même, dès
que l'aspirant est capable de distinguer le Sujet
des objets, aussi aisément que le lait de
l'eau. La victoire n'est toutefois, sans appel
les obstacles ne sont définitivement
surmontés, qu'au moment où les objets
irréels du monde extérieur ne font
plus naître dans le mental la plus
légère oscillation.
La discrimination parfaite qu'amène la
réalisation personnelle permet de
reconnaître instantanément la
véritable nature du Sujet et celle de
l'objet, Et de secouer le joug de l'illusion
créée par maya [la
création]. L'existence
phénoménale prend fin quand ce joug
est brisé.
C'est parce qu'il est inébranlablement
établi en la Réalité que cet
homme, dans un élan suprême, Sacrifie
tout attachement extérieur pour les objets
des sens et tout attachement intérieur pour
le sens du moi.
Les objets des sens sont de dangereux poisons ;
repousse tout désir qui te porterait vers
eux ! Vois en un tel désir l'image
même de la mort ! Rejette tout orgueil que la
caste, la lignée ou le stade d'existence
pourraient encore t'inspirer ! Tiens-toi à
bonne distance de l'action ! Cesse de t'identifier
avec ces choses irréelles : le corps, le
mental, etc..., et dirige toutes tes pensées
vers le Soi. En vérité, tu es
l'indestructible Témoin ; tu es la
Réalité, libre à jamais de la
servitude du mental ; tu est l'Un sans second ; tu
es, Toi-même, le Suprême.
La délivrance consiste non pas
à abandonner le corps grossier comme le
sannyasin itinérant abandonne son
bâton ou son écuelle mais
à extirper de soi tout attachement, car
l'attachement et l'ignorance ne font qu'un.
YOGA
VASISTHA
Les dieux, les Siddhas, les
délivrés-vivants ne sont pas soumis,
dans leur conduite, aux règles
forgées de toutes pièces par l'esprit
des ignorants. ceux-ci, parce que leur esprit est
divisé contre lui-même, ne peuvent se
dispenser de contraintes extérieures. Sans
elles, ils iraient à leurs perte, comme les
poissons qui se dévorent les uns les autres.
Mais, ceux qui possèdent la connaissance ne
se laissent pas subjuguer par les objets de leur
désir ou de leur aversion. Libres de toute
imprégnation mentale, ils sont
éveillés et maîtres de leurs
sens. Ils s'acquittent toujours des tâches
que le sort dépose entre leurs mains mais
ils n'entreprennent jamais rien de leur propre
initiative et ne succombent jamais à aucune
espèce de passion.
De même que l'agitation des vagues part de
l'océan lui-même, de même le
monde se présente constamment à nous
comme favorable ou hostile en fonction de nos
désirs latents intérieurs ; eux seuls
constituent la maladie dont nous avons à
guérir.
TRIPURARAHASYA
Tu n'es pas ton corps mais le possesseur de ton
corps. Ne dis-tu pas toi-même "mon corps",
comme tu dis "mon vêtement" ? Comment peux-tu
donc t'identifier à ton corps ? Or, si tu es
distinct de ton corps, comment peux-tu, par lui,
entrer en relation avec le corps d'autrui ?
Entretiens-tu une relation quelconque avec les
vêtements portés par ton frère,
etc. ? Comme il en va de même pour leur
corps, que signifient ces pleurs devant la
destruction de ces corps ? Dis-moi plutôt
quelle est cette essence de ton être qui
s'exprime à travers des jugements comme "mon
corps", "mes sens", "mon souffle", "mon esprit"
?
De même qu'un miroir, bien qu'unique, semble
devenir multiple de par la variété
des objets qui se reflètent en lui, de
même la conscience pure, bien qu'unique,
paraît se revêtir de diversité.
Considère que dans les rêves l'esprit
assume à lui tout seul les trois aspects de
voyant, de vision et de chose vue. de la même
façon, la pure conscience se manifeste sous
une multiplicité d'aspects.
|