Que
règne la paix et l'amour parmi tous les êtres
de l'univers. OM Shanti, Shanti,
Shanti.
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UESTION : Quand
vous dites "je", quel concept avez-vous de
vous-même ? À quoi ce "je" fait-il
référence ?
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U.G.
: Pour moi, le "je" est un pronom singulier
à la première personne. J'ai
découvert cela étant très
jeune. Ceci dit, je ne pense pas qu'il existe
quelque "je", ou Soi, ou n'importe quel autre terme
pour désigner ça. Vous ne pouvez en
aucune façon vous séparer de cet
organisme vivant, sauf au travers des concepts ou
des idées qui vous ont été
inculquées. Le seul moyen que vous avez de
vous séparer de quel que soit ce que vous
l'appelez : le "je" ou le Soi ou l'Atman, c'est
d'utiliser la connaissance. Sinon, vous n'avez
aucun moyen pour vous séparer de ce que vous
appelez "vous", "je". Bien sur, j'utilise "je",
j'utilise aussi "mon" parfois ; "ma" fille quand je
la présente à quelqu'un, ou "ma"
sur. Ma femme est
décédée il y a trente-cinq
ans, donc il ne m'est plus d'aucune utilité
d'en parler comme étant "ma" femme. Mais en
réalité, je n'ai aucune relation que
ce soit avec "ma" fille ou avec une personne que je
présenterais comme "mon" ami. Je ne peux me
séparer et me considérer que quand
j'utilise la connaissance que j'ai du Soi, du "je",
ou de l'Atman, ou quel que soit ce qu'il est. Donc,
cette connaissance a été
rentrée là-dedans, dans l'ordinateur,
la base de données ou base de
mémoire, par la culture ou la
société. Ceci dit, je ne pense pas,
jamais avoir la moindre idée quant à
ce que je pourrais bien être.
Il n'y a ni intérieur, ni extérieur.
Je ne peux me distinguer de vous qu'à
travers la connaissance que j'ai de vous. Je ne me
dis jamais que vous portez des blue-jeans. Je sais
que ce sont des blue-jeans. Dès que je dis :
"Ce sont des blue-jeans", la connaissance que j'ai
des blue-jeans disparaît. Donc, je ne peux
pas dire que je ne sais rien. Quand je dis que :
"Je sais que ceci est bleu, et que le ciel est
clair", alors je me retrouve à nouveau dans
la même situation qui est celle de ne
vraiment pas savoir ce qu'est ce que je regarde. Je
ne me dis jamais : "Le temps dehors est clair".
Jamais. Et, si vous me le demandiez, je
répondrais : "Le temps est clair et
ensoleillé, il fait très bon". Votre
question fait jaillir toutes les informations
présentes là, à
l'intérieur. Jamais je ne me dis : "Il
fait beau" ou je ne me dis jamais : "Il fait nuit"
non plus. Mais je ne suis pas du tout en train de
dire que : "Je ne sais pas". Je sais.
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Donc,
je ne peux absolument pas me séparer de ce
qui se passe là dehors, ni de ce qui se
passe dedans. S'il n'y a pas de séparation
de ce que vous êtes en train de regarder,
vous ne pouvez distinguer ce qui se déroule
dehors de ce qui se déroule dedans. Il n'y a
ni intérieur, ni extérieur ici.
L'il physique ne regarde pas cela comme
étant "blanc", ni jamais il dit "c'est
foncé". Les perceptions sensorielles ne
traduisent absolument rien au sujet de ce qui se
déroule là dehors ou ici en moi.
Donc, je ne peux en aucune façon me
séparer de ce que j'observe là dehors
ou là dedans, en moi. Je peux dire : "Ceci
est moi", "Cela n'est pas moi" ; "Je suis heureux",
"Je suis malheureux" ; "Je suis avare", "Je ne suis
pas avare" ; "Je suis jaloux", "Je ne suis pas
jaloux". Ils ne représentent rien pour
moi.
Question : Alors, n'avez-vous aucune
identification avec ce qui se passe dans votre vie
de tous les jours ?
U.G. : Non, je n'aime pas utiliser le mot
identification. Je ne traduis jamais ce qui se
passe afin de cadrer avec ce que je sais. Le besoin
ne se présente que lorsqu'une demande
survient du dehors. Les actions ne surviennent
jamais d'elles-mêmes. C'est quelque chose
d'automatique. Pour une raison ou une autre, dans
la relation de cause à effet, l'espace entre
les deux n'opère pas tout le temps. Ainsi,
lorsqu'une demande se présente, je peux
ensuite dire que cela est vraisemblablement la
cause de ceci, et que ceci est le résultat
de cela, mais en réalité, il n'y a
aucun espace entre cause et effet. Donc,
l'instrument que nous utilisons, qui est la
pensée, ou même différentes
pensées, naît de la relation de cause
à effet, et il vous est impossible de
comprendre quoi que ce soit sans créer
l'espace entre la cause et l'effet.
Par exemple, la mort n'est qu'en soi un concept. Le
corps ne sait pas qu'il est en vie en ce moment et
vous ne serez pas là pour présider
votre propre mort. Donc, concrètement
parlant, je ne peux en aucune façon me dire
que je suis en vie, ni savoir que je suis vivant.
Si vous me demandez : "Êtes-vous vivant ou
mort ?" Je répondrai certainement par : "Je
suis vivant." Pourquoi dirais-je cela ? Je dis que
je suis vivant en raison de ce que les physiologues
m'ont appris et de ce que les docteurs nous disent.
Comme je suis capable de parler et de
réagir, ils en concluent que je suis un
être vivant. Cela constitue le savoir commun
transmis à chacun de nous, mais en aucune
façon je peux faire l'expérience du
fait que ceci est un organisme vivant. Impossible.
Ainsi, lorsqu'il sera mort, il en sera fini de
notre connaissance accumulée.
Nous ne nous intéressons qu'à une
seule chose : "Comment ?" Tout le monde demande :
"Comment ?". "Comment" devrait être
supprimé de toutes les langues ! "Comment ?"
signifie que vous voulez savoir. En sachant de plus
en plus de choses, vous maintenez la
continuité de ce savoir. Par
conséquent, vous refusez qu'il prenne fin,
voyez-vous. Nous en savons beaucoup, pourtant nous
posons tous constamment cette question "Comment
?".
Question : Saviez-vous ce que vous
recherchiez quand vous étiez jeune ?
U.G. : J'étais en
réalité et dans les faits à la
recherche d'un homme comme moi, qui est ici
maintenant. Quand je dis : "Comme un homme comme
moi", vous allez me lancer la question :
"Savez-vous ce que vous êtes ?" Quelque chose
vaguement de ce genre. Donc, il m'a fallu rejeter
tout le monde, vous voyez. Ce n'est pas que je me
sois dis que j'étais à la recherche
d'un homme comme ce type assis ici, mais lorsque je
me suis dit sincèrement : "C'est celui que
tu cherches", il a alors disparu,
complètement et entièrement.
Un jour, je me suis dit : "Pourquoi ai-je
gaspillé quarante neuf foutues années
de ma vie à vouloir être
éveillé ?" Je me suis ensuite dit :
"Maintenant tu es un éveillé. Tu es
dans le même état que tous ces
Maîtres spirituels : Bouddha, Jésus,
tous." Ceci m'a frappé si fort :
"Jusqu'à hier, tu te disais vouloir
être un éveillé comme tous ces
gens. Maintenant, tu es en train de te dire que tu
es éveillé et que tu es au même
niveau que tous ces Maîtres spirituels." J'en
ai été littéralement
sonné. Je me suis alors dit : "Ce sont eux,
les 'maîtres' qui te disent que toi, tu n'es
pas éveillé puisqu'ils m'ont transmis
le savoir au sujet de la façon dont
fonctionne un éveillé. En fait, c'est
ce même savoir qui m'informe aujourd'hui que
je suis un éveillé. Donc, cette
expérience n'a rien de spécial." Je
me suis demandé : "Alors, comment peux-tu
jamais savoir que tu es un éveillé ?"
Ensuite, ce questionnement a
déclenché un genre de tourbillon. Il
s'est poursuivi : "Comment pourras-tu savoir
si tu es dans le même état que tous
ces gens ?" Ça s'est poursuivi sans
discontinuer pendant quinze minutes, jusqu'à
ce que ça s'arrête net. Ce qui me
restait, en fait, je n'en sais rien du tout. Que me
reste-t-il maintenant ? Je ne dis pas cela par
modestie. Je ne peux tout simplement pas me
demander : "Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu es ?
Qu'y-a-t-il ici ?".
Question : Pourriez-vous dire qu'il ne
manquait plus quelque chose, que l'impression de
devoir découvrir quelque chose avait disparu
?
U.G. : Rien, voyez-vous.
Question : Ainsi, c'était complet
?
U.G. : C'était fini. Ensuite, la
chose la plus étrange se produisit à
partir de ce moment : Les sens prirent le dessus.
J'ai ainsi découvert la façon dont
les sens opèrent véritablement. Il
n'y avait aucun transmetteur intermédiaire
que ce soit, qui puisse dire : "Ce soleil est beau"
ou "Il fait sombre" ou "Ceci est dur, ceci est
mou". Je regardais une vache dans le champs, et
demandai à Valentine, alors assise sur le
banc à côté de moi : "Qu'est-ce
que c'est ?". Elle répondait : "Une
vache". Puis, cinq minutes plus tard, tel un
enfant, je lui demandais à nouveau :
"Valentine, qu'est-ce que c'est ?" Elle en
était dégoûtée :
"Combien de fois dois-je te dire que c'est une
vache ? Ne le sais-tu pas ?" Voyez-vous, au
début j'étais intrigué. Je ne
savais même pas ce que c'était.
Aujourd'hui je suis dans la même situation et
je ne sais jamais ce qu'est ce que je regarde. Si
vous me demandez : "Qu'est-ce ?" Je
répondrais : "C'est une vache".
Question : Mais quand les pensées
vous venaient à l'esprit, est-ce que tout
...
U.G. : Une différence, c'est que je
ne peux absolument pas tirer un trait et me dire,
ou dire à d'autres, que je fonctionnais
d'une certaine façon avant et que je
fonctionne d'une autre maintenant. Je ne peux pas
fixer de frontière. J'utilise toujours cette
comparaison rudimentaire : après le lavage
et avant le lavage. Je n'ai aucun moyen de savoir
comment je fonctionnais. Mais en fait, je vous le
dis, il ne s'opère en moi aucune
modification ; sauf le désir, voyez-vous, je
voulais être quelque chose de
différent de ce que je pensais être.
C'est la seule chose qui ne soit plus là.
Et, autre chose, il m'est impossible de
créer une image en moi de ce à quoi
vous ressemblez. Si je me tourne vers le mur,
m'éloignant ainsi de vous, cette
caméra [il pointe son doigt vers ses
yeux] se focalise sur le mur, et je ne peux
absolument pas créer une image de ce
à quoi vous ressemblez. Impossible. Et si je
me tourne à nouveau de ce côté
et que je vous regarde, je n'ai pas besoin
d'interpréter et de me dire que : "Ceci est
vous et vous portez des blue-jeans". Je ne me dis
jamais tout ceci, car ça ne m'est pas
nécessaire en ce moment.
Je ne peux absolument pas créer ne serait-ce
qu'une seule image. Bien que je connaisse Paul
depuis trente ans, je ne me souviens pas de ce
à quoi il ressemble, mais lorsqu'il se
trouve ici devant moi, l'ordinateur projette
l'image et le reconnaît, mais jamais il ne se
dit que ceci est Paul. Ce n'est pas parce que je ne
le sais pas. La base de données, la base de
mémoire n'est pas du tout influencée
par l'interprète, ou par celui qui fait
ressortir ce qu'il est nécessaire de savoir.
Dans ce sens, je ne peux pas créer d'image
de quoi que ce soit, de ce à quoi ceci
ressemble. Ça m'est impossible.
L'attention totale n'existe pas du tout. Ce n'est
tout simplement pas possible. Par exemple : Quand
vous observez ce rideau s'agiter dans le vent,
c'est là la seule chose qui requiert votre
attention. Je ne m'explique jamais à
moi-même ce que les yeux observent et je ne
peux en aucune façon me séparer de ce
qui est là. Je ne peux me distinguer de ce
qu'observent mes yeux que si le besoin s'en
présente. Ce besoin ne proviendra que si
quelqu'un me demande quelque chose. Comprenez-vous
? Donc mes actions ne s'initient jamais
d'elles-mêmes. Jamais. Ainsi, au moment
où la pensée surgit, l'action est
terminée. La séparation ne se produit
que lorsque la connaissance survient et me dit :
"Ceci est un rideau blanc." Voyez-vous, autrement,
quel besoin aurais-je de me dire cela ? Mais, la
raison pour laquelle nous le faisons est
très simple. C'est parce qu'il nous faut
maintenir la continuité de notre savoir.
C'est la seule raison. Par exemple, vous direz :
"Ceci est blanc et cela est bleu, vous êtes
ceci et cela.." et vous continuez ainsi à
n'en plus finir. Ce besoin est la seule chose qui
agit ; ce n'est pas le "je", ni le Soi, ni l'Atman.
Il n'y a rien ici, en dehors du besoin de maintenir
la continuité du savoir que vous avez des
choses alentour et des choses ici [se
désignant].
Ces temps-ci, je ne fais que parler de la
façon dont les sens fonctionnent. Ce corps
est né avec une intelligence extraordinaire,
une intelligence qui n'a pas son pareil. Toutes les
connaissances que vous possédez ne pourront
jamais égaler cette intelligence. Vous ne le
pouvez pas. Donc tout ce que vous pensez être
bon pour ce corps ; quelles que soient les
idées que vous lui imposez, il rejette tout.
C'est pour cela qu'il n'a pas besoin de savoir quoi
que ce soit, et il n'a pas besoin d'avoir quoi que
ce soit de plus. Et ceci, est valable pour toutes
les régions de notre existence. C'est donc
pour cette raison que je me détourne de
toute la technologie médicale. Je n'ai
jamais consulté de docteur. Je ne mange rien
de ce que tout le monde recommande. Et je dis, de
façon catégorique, que les docteur
des temps modernes sont les sorcières
d'aujourd'hui ; et qu'en ce qui me concerne, la
technologie médicale contemporaine est la
sorcellerie des temps modernes. Tout ce qu'ils
préconisent comme étant bon pour le
corps, je n'y touche pas. Désignant la table
: je consomme ces flocons d'avoine là. C'est
ma dernière trouvaille ; cela s'appelle
"super rapide". Vous ne le trouverez qu'à
Londres. J'en mange un petit bol auquel j'ajoute de
la crème "double-riche", "triple-riche",
"quadruple-riche" avec un tout petit peu de jus
d'ananas congelé que je ne trouve qu'en
Chine. C'est pour cela que je me rends dans ce pays
où il y a des supermarchés
internationaux. Sinon, je ne consomme ni jus de
fruits, ni légumes, rien. Ce corps,
voyez-vous, a besoin d'énergie,
d'unités thermiques de base. C'est comme
ça que je l'expliquerais [en riant].
Ainsi, ce bol de flocons avec beaucoup de
crème fournit au corps l'énergie dont
il a besoin. Je n'effectue aucune promenade
à pieds ni aucun autre exercice physique ne
m'est nécessaire. Je suis en vie depuis 80
ans. Donc, rien de ce que nous considérons
être bon pour le corps ne lui est
concrètement bénéfique.
En fait, ce que je souligne sans cesse, c'est la
façon dont le corps fonctionne une fois
libéré de l'étranglement de la
culture. Je ne fais que décrire cela. Vous
ne pouvez aucunement contrôler le
fonctionnement de ce corps. Vous n'y pouvez
strictement rien. Le corps n'a en
réalité pas besoin de tout ce que
nous lui faisons absorber. Ce n'est qu'un mouvement
vers le plaisir. Nous mangeons pour le plaisir.
C'est un fait.
Question : Existe-t-il une telle chose que
la Réalité ?
U.G. : Non, cela même si les
scientifiques essayent d'affirmer qu'ils
connaissent mieux la Réalité que tous
les Maîtres spirituels et tous les
mathématiciens du monde. Vous ne pouvez
aucunement faire l'expérience de la
Réalité de quoi que ce soit. Je
maintiens et j'affirme avec toute la force que je
peux rassembler que ce que vous ne connaissez pas
ne peut être expérimenté. Ce
que vous ne connaissez pas est un concept, vous
voyez ?
Question : Des gens utilisent le terme "pure
subjectivité" afin de décrire la
Réalité.
U.G. : Les philosophes ont parlé de
"perception pure". Il ne peut y avoir de
perception, sans parler de perception pure,
dénuée de celui qui perçoit.
Tout ceux-ci sont des jeux que nous jouons avec
nous-même et avec les autres. Il ne peut pas
y avoir de perception sans celui qui
perçoit. Et, pourquoi parler de perception
pure ? Je ne comprends pas. Les Hindous ont
également traité le problème
de cette façon. Un disciple dit à un
autre : "Mon Guru a atteint l'état de Turiya
; l'état le plus élevé."
D'après-moi, l'état de Turiya
correspond à la maladie d'Alzheimer.
Voyez-vous, dans cet état ils n'ont aucun
problème ; ils ne reconnaissent rien et ne
font aucune expérience de quoi que ce soit.
Valentine avait cette maladie. Elle touchait tout
afin d'établir une relation avec les objets
qui l'entouraient. Le sens du toucher est
l'activité sensorielle la plus importante.
Les enfants commencent par lui et les quatre autres
viennent ensuite.
C'est aussi pour cette raison que les gens qui
pensent sans cesse sont quasiment aveugles ; ils
n'ont jamais regardé quoi que ce soit de
toute leur vie. Par exemple, ce jeune homme ici, ne
l'a jamais regardée, ni elle lui
[désignant le couple assis en face de
lui dans la pièce], parce qu'il ne la
regarde qu'à travers ce qu'il sait d'elle,
et elle de lui. Vous projetez votre savoir sur
l'autre personne, mais en réalité
l'il physique ne peut en aucun cas regarder
quoi que ce soit. Il vous faut avoir une
connaissance de ce que vous observez. Nous
projetons cette connaissance sur ce que nous
regardons. Il en va de même pour la
Réalité dont ils parlent ; c'est
quelque chose dont il est impossible de faire
l'expérience et qui ne peut pas plus
être connue, à moins d'utiliser la
connaissance que l'on a de la Réalité
des choses ; même si c'est un scientifique ou
un religieux qui parle de Réalité ou
de perception pure. D'abord, il ne peut y avoir de
perception, encore moins de perception pure. Donc
tout cela ne sont que théories, voyez-vous
?
Prenez les gens qui parlent de Dieu. Toutes les
théologies qui nous accablent : l'ontologie,
le théologique, les preuves cosmogoniques de
l'existence de Dieu. Oh ! Mon Dieu, pourquoi nous
cassons-nous la tête avec tout ce savoir ?
C'est pour avoir plus de connaissances que vous et
afin de me sentir supérieur. J'aurai de
cette façon une supériorité
verbale. Shakespeare n'avait à sa
disposition que quatre mille mots de vocabulaire en
mémoire [en riant]. Et, aujourd'hui
combien de millions en avons-nous ?
Question : Qu'est-ce que l'éveil
exactement ?
U.G. : Il n'existe rien de tel que
l'éveil, parce que je ne peux jamais me dire
que : "Je suis éveillé".
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de la page
Question
: Alors que vous est-il arrivé quand
vous aviez 49 ans ?
U.G. : Il n'y a pas de différence
entre les états de veille, de rêve et
de sommeil. Il n'y a aucune différence. Je
ne suis jamais en train de me dire : "Je suis
réveillé", jamais parce que je ne me
dis pas plus : "Il fait jour dehors" ou "Il fait
nuit noire". Si vous me posez la question de savoir
si je suis réveillé, alors j'utilise
le savoir que j'ai reçu au sujet de la
façon dont un homme réveillé
fonctionne. Je ne fais jamais de rêves. Il ne
m'est pas nécessaire de rêver et je ne
dors jamais huit heures d'affilée. Je suis
comme un chat, je fais des petits sommes. Je
m'endors à dix heures, et me réveille
dix minutes plus tard. Et, à nouveau, vers
onze heures je peux me rendormir un peu. Je ne peux
donc absolument pas dire : "Je suis endormi ou
réveillé, ou en train de
rêver". Aucun rêve ne m'apparaît.
S'il vous est impossible de créer une image
quand vous êtes réveillé, il ne
vous est pas plus possible d'en créer
pendant que vous dormez. C'est impossible.
Quelqu'un pourra remarquer que je suis endormi et
même que je suis en train de ronfler, mais je
ne peux en aucune façon dire cela de
moi-même.
On ne peut se faire remarquer à
soi-même que l'on est endormi. Ce n'est qu'au
moment du réveil que vous faites la relation
entre le soi-disant état de veille et
l'état qui le précédait :
votre sommeil, et vous ajoutez que vous vous sentez
bien parce que vous avez bien dormi. Vous attribuez
cela au fait de bien dormir. Vous avez mal dormi,
votre nuit a été agitée
d'après ce que vous m'avez dit au sujet de
la nuit dernière. Vous avez mal dormi. Cela
en référence à l'état
dans lequel vous pensez être en ce moment
présent, sinon vous ne pourriez rien dire au
sujet de votre sommeil : s'il a été
léger, profond, agité ou rempli de
rêves. En ce qui me concerne, le
problème ne se pose pas, puisque je ne sais
pas que je suis réveillé. Les sens
fonctionnent de façon immédiate et
à leur capacité maximum en permanence
; puis, il ralentissent très
progressivement, car il doit se
régénérer souvent. Vos yeux
s'ouvrent peut-être, mais vous ne voyez rien
de ce qui vous entoure pendant une fraction de
seconde. Vous ne voyez rien, vous n'écoutez
rien. Ainsi, il doit ralentir, et une fois qu'il
s'arrête [U.G. claque du doigt], si
vous regardez des objets, il vous est impossible de
voir, car vous ne regardez rien du tout. Si vous
dites : "C'est lumineux", alors vous n'êtes
pas en train de regarder, mais vous ne faites que
projeter votre connaissance, et de me dire : "Il
fait jour et soleil". Sans elle, l'il
physique ne traduit jamais ce qu'il voit en tant
que : "soleil vif" ou "nuit noire". Si vous me
consultiez, je confirmerais. Quand la
lumière est trop vive, vous pouvez fermer
les yeux et vous tourner dans une autre direction.
Vous n'êtes pas cela. C'est automatique, il
possède une intelligence formidable quant
à sa propre protection. Il sait comment se
protéger et comment survivre. Donc,
concernant le fonctionnement de ce corps, vous
n'avez aucun rôle à jouer. Alors,
voyez-vous, l'intelligence présente ici
prend le dessus et prend soin
d'elle-même.
Concernant tout cela, il y a quelque chose
d'étrange. La chose qui s'est passée,
si je peux dire que cela s'est passé [je
ne sais même pas si quoi que ce soit s'est
passé] c'est que l'on
n'interprète absolument pas ce qui est
là, jamais. Le traducteur est absent,
complètement absent. Et en même temps
que le traducteur, la sélectivité a
également disparu. On ne fait plus de
division : bien et mal, bon et mauvais. Ce n'est
pas que je sois supérieur ou
inférieur. On n'est plus aux prises avec le
bien et le mal, le juste et l'injuste. Si par
exemple, pour une raison ou une autre, vous trouvez
que ma conduite est antisociale, quelle que soit la
punition que vous me fassiez subir, je la prends
sans question aucune. Je n'ai aucun droit.
Et comme je n'ai aucun droit, je n'ai pas de devoir
non plus. Ainsi, la censure est également
absente.
Une chose que je dois souligner, c'est que vous ne
serez jamais libre de votre conditionnement.
Jamais. Peu importe qui dit quoi, il n'existe pas
de mental libre de conditionnement. Il n'existe
rien de tel que l'expérience d'un mental non
conditionné. Pourquoi en parlent-ils ? Vous
voyez, quand je vais au supermarché, ce que
j'aime le plus c'est le "yaourt à la
crème de café". Je ne le trouve qu'en
Suisse. Quand je commence à manger, il n'y a
aucun contrôle. Un autre exemple, Valentine a
dû me cacher un kilo d'amandes, comme on
l'aurait fait pour un enfant, car quand j'avais
commencé à les grignoter, il y en
avait encore deux kilos. Elle m'avait dit : "Mais
que se passe-t-il ? Il n'a aucun contrôle de
lui-même !" [U.G. rit] Je ne blague
pas, je n'ai aucun contrôle. Je ne peux
m'arrêter de les manger, et, une fois
retirées de ma vue, je ne me souviens plus
du goût des amandes. Donc, il n'existe pas de
mental qui ne soit pas conditionné. Le
mental est lui-même conditionnement. Le
mental lui-même est ce qui reconditionne, et
il se conditionne de façons diverses dans le
but de survivre, voyez-vous ?
Question : Vous dites ne pas avoir d'images
dans l'esprit.
U.G. : Non.
Question : Maintenant avez-vous quelque
pensée ou concept ?
U.G. : Non.
Question : Cela pour dire : Pensez-vous
à ce que vous allez faire le mois prochain :
acheter un billet d'avion, obtenir un visa?
U.G. : Uniquement pour des raisons
pratiques. Si je n'obtiens pas de
réservation dans un avion, je dois bien
avertir quelqu'un de mon arrivée à
une date ultérieure, mais je ne suis jamais
déçu ni quoi que ce soit.
Question : Donc, quand vous n'avez aucun
projet à l'esprit dans le but d'une
planification pratique, vous n'avez rien en
tête ?
U.G. : Non, rien. Ma façon de
fonctionner c'est que je suis toujours
occupé avec ce qui se passe en ce moment et
il n'y a aucune place pour quelque
préoccupation que ce soit. Vous vous
préoccupez des choses qui ne sont pas en
train de se dérouler ici. S'il y a une
différence, c'est peut-être la seule.
Les gens s'imaginent que je vis dans un vide
où il ne se passe rien. Comment y-aurait-il
quelqu'un dans un tel état ? Il est rempli
de ce qui se passe en ce moment. Vous savez, il est
impossible d'y ajouter quoi que ce soit ou de s'en
éloigner. Donc, je suis entièrement
occupé par ce qui se déroule et
je pourrais sortir d'ici, m'asseoir dans la rue
devant l'hôtel et y demeurer pendant
vingt-quatre heures à observer comment les
gens déambulent. Vous serez surpris de voir
que pas même deux personnes marchent
exactement de la même façon. C'est
assez extraordinaire, toutes marchent
différemment. Il n'y a pas deux visages
semblables. Lorsque j'étais
élève en botanique, j'étudiais
les feuilles sous un microscope. Pas une feuille ne
ressemble à une autre. Peut-être
diriez-vous que les jumeaux se ressemblent ;
leurs mouvements, la façon dont ils
marchent. C'est assez extraordinaire de voir
comment ils marchent. Essayez cela vous-même
la prochaine fois : dans la rue, pas deux
personnes marchent exactement de la même
manière. Les mouvements sont
différents, tout est différent. Donc,
ça m'occupe entièrement, vous voyez.
Ainsi, mon attention est toute captivée,
elle est remplie de ce qui se passe. Alors n'allez
pas imaginer que cette personne vit dans un
état sans pensée. Je connais beaucoup
de gens qui sont venus me voir et m'ont dit : "J'ai
fait telle expérience dans mon état
sans pensée." Mais, nom-de-Dieu, comment
faites-vous pour savoir que vous êtes dans un
état sans penser ? La pensée
était bel et bien présente.
Question : Donc, peut-on dire qu'en fait,
nous vivons en fonction de la connaissance que nous
avons des choses ?
U.G. : Nous sommes la connaissance.
Question : Mais vous ne vivez pas
d'après ce que vous savez des choses ?
U.G. : Non, il n'y a aucune
continuité de la connaissance, car cette
continuité de connaissance n'est pas
nécessaire. Ce qui est ici est tout ce qu'il
y a. C'est simple, c'est la conscience. Je ne
deviens conscient du fait que vous êtes un
homme et non une femme que lorsque j'utilise la
connaissance que je possède ; sinon, de
quelle conscience sont-ils en train de parler ?
Rien. De nos jours, même les scientifiques se
mettent à parler de la conscience. Mais ils
sont en train d'atteindre ce qui est le plus
indésirable pour la science, ils arrivent
à leur limite. Il leur faut trouver les
réponses dans le cadre de la science. Ils ne
peuvent pas se permettre de se tourner vers le
Vedanta ou vers la religion, car cela
détruirait tout, complètement, vous
voyez ? C'est pour ça que je dis que la
pensée scientifique est tout autant une
aberration que la pensée religieuse de
l'homme. Nous sommes admiratifs devant la science
en raison de ce qu'elle nous a donné, la
haute technologie et tout le reste. Donc, la
pensée est un fasciste de naissance, dans
son contenu et dans son expression. Elle ne
s'intéresse qu'à sa propre survie.
Elle ne fait rien d'autre.
|
C'était
un dimanche et Chandrasekhar
bénéficiait de ses vacances de
privilégié. Nous étions tous
assis dehors en train de nous dorer au soleil.
Comme à son habitude, U.G. demeurait
silencieux et ignorant de ce que faisaient les
autres autour de lui ; quand tout à coup
Chandrasekhar prononça quelques mots au
sujet des émotions. Plus tôt ce
matin-là, U.G. avait souligné que
l'homme n'est qu'un ordinateur, mais il refuse
d'accepter ce fait. Lui rappelant cette remarque,
Chandrasekhar dit : "Heureusement ou
malheureusement cet ordinateur humain a des
émotions et des sentiments."
U.G. dit : "Voilà la misère de
l'homme. C'est ça la condition
névrosée. Toutes vos religions
condamnent les émotions. Il n'existent pas
de bonnes ou de mauvaises émotions ; toutes
les émotions sont mauvaises. Pourquoi
voulez-vous contrôler les émotions ?
De toute façon, ce ne sont pas les
émotions qui vous occupent. Tout ce que vous
faites c'est discuter de la colère ou de la
jalousie. Vous ne savez pas ce qu'est la
colère en tant que telle. Vous êtes
constamment en train de contrôler,
réprimer, vivre avec ou être conscient
sans choix ; vous êtes constamment
occupés à quelque chose qui s'est
évanouit. C'est déjà parti.
C'est la pensée qui vous fait frapper
quelqu'un votre enfant, par exemple
et non la colère. Vous l'attribuez à
quelque chose qui n'est plus là. Cet
état de choses-là a provoqué
ce mouvement de pensée insensé. Votre
problème n'est pas la colère, mais la
frustration. Vous n'êtes pas en train de vous
occuper du désir. Le désir c'est la
vie. Si vous détruisez le désir, vous
détruisez la vie. Il 'est là'
et non pas 'doit être là' que
cela vous plaise ou pas. Vous êtes-vous
libéré du désir ? Ne
différenciez pas "bons désirs",
"mauvais désirs", "désirs spirituels"
et "désirs matériels". Ils sont tous
pareils. Tout ce qui vous intéresse c'est
que vous ferez de ces désirs."
Nous formions une audience très
sérieuse face à ceci, mais Kalyani
est soudainement entrée et s'est mise
à danser dans la pièce en frappant
des mains. Tout la regardant, U.G. continua : "Vous
êtes névrosés et elle est un
cas clinique. Je ne vois pas la différence.
Vous aussi êtes constamment en train de vous
parler à vous-même. Elle parle tout
haut, donc vous la traitez de folle et vous
l'envoyez à l'asile. Ce à quoi vous
pensez a une certaine logique qu'elle ne
possède pas. Vos pensées empruntent
des voies organisées, qui dans sa tête
sont des voies expresses et c'est pourquoi vous
pensez qu'elle est folle. Quelqu'un dans une maison
de fous dira : "Je suis Jésus", et
vous, vous êtes assis-là en train de
dire : "So-ham, Je suis Cela". Quelle
différence cela fait-il ? Vous êtes en
train de faire exactement la même chose."
Nagaraj, qui jusqu'ici était resté
assis en silence dit : "U.G., qu'êtes-vous
précisément en train d'essayer de
nous dire ?" U.G. répondit : "Cela
dépend de vous, pas de moi. Voilà ce
que vous semblez ne pas comprendre. Vous êtes
le seul véhicule par lequel je puisse
m'exprimer. Ce véhicule me
déplaît parce qu'il traduit tout ceci
en termes religieux. Ce n'est pas ce que je suis.
Alors essayez autre part ou sur quelqu'un d'autre.
Ce qui compte vraiment pour moi est de ne pas
être assis ici et perdre mon temps. Je ne
veux pas que vous me placiez dans un cadre
religieux. N'importe quel autre cadre me
conviendra. C'est ce que je me tue à vous
dire. Donc quelle importance cela a-t-il que vous
soyez ici ou là-bas, que vous nous parliez
ou que vous parliez dans un ashram ou à qui
que ce soit d'autre ?"
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